Ces deux populations représentent de l'ordre de 24 millions de personnes aux Etats-Unis, soit le nombre approximatif de gens pouvant être vaccinés au mois de décembre selon les prévisions des autorités, si les deux vaccins en cours d'évaluation par l'Agence des médicaments (FDA), développés par Pfizer/BioNTech et Moderna, étaient effectivement autorisés et produits dans les quantités promises.
Les experts des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) ont rendu leur avis très attendu à l'issue d'une réunion publique suivie d'un vote.
"J'ai voté pour maximiser les bénéfices, minimiser les risques, promouvoir la justice et atténuer les inégalités de santé qui existent", a déclaré le président du comité, José Romero.
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Mais cette recommandation, qui concerne la toute première phase dite "1a", ne sera pas obligatoire.
Le gouvernement fédéral de Donald Trump recommandera un ordre de priorité qui ne sera pas forcément celui des CDC.
Et au risque de créer la confusion dans le pays, ce sera in fine chacun des 50 Etats et des territoires qui fixera la liste des groupes prioritaires dans sa juridiction, même si la plupart devraient adhérer aux recommandations des autorités sanitaires.
Des responsables américains avaient déjà déclaré prévoir de distribuer 40 millions de doses en tout d'ici la fin de l'année. Chaque vaccin se fera en deux doses espacées de trois ou quatre semaines selon le laboratoire.
Ainsi, d'un point de vue opérationnel, la plupart des Etats pensent être capables de vacciner la totalité de leurs professionnels de santé "en trois semaines", voire moins, a dit Nancy Messonnier, directrice du centre des vaccinations des CDC.
Les maisons de retraite ont concentré 40% des morts de la pandémie aux Etats-Unis, soit environ 100.000 décès. Elles comptent trois millions de résidents.
Pour les professionnels du secteur de la santé, la population est évaluée à 21 millions de personnes dans les hôpitaux, les maisons de retraite et autre résidences pour personnes âgées, les cliniques, les pharmacies, les services d'urgence...
Le comité n'a pas voté pour la suite des opérations, mais ses experts ont proposé de donner ensuite la priorité aux travailleurs essentiels (éducation, alimentation, maintien de l'ordre, pompiers, transports publics... dans une phase 1b), puis aux adultes ayant de nombreux facteurs de risques et aux adultes de plus de 65 ans (phase 1c).
Sara Oliver, des CDC, a expliqué au cours de la réunion de mardi qu'après décembre, les autorités s'attendaient à recevoir entre 5 et 10 millions de doses par semaine.
La priorité assez élevée donnée aux travailleurs essentiels à la relance de l'économie semble être une particularité américaine.
La tension centrale du débat est la suivante: la vaccination devra à la fois protéger les plus vulnérables et faciliter la renaissance de la société.
Un autre groupe d'experts américains, convoqué par les Académies nationales des sciences, a proposé de rapidement vacciner les enseignants et autres travailleurs "critiques", ceux qui sont les rouages indispensables à un retour à la normale, et dont la vaccination procurerait un effet multiplicateur.
Ce sont souvent des travailleurs précaires, issus des minorités hispanique et noire qui ont été disproportionnellement frappées par la pandémie.
En France, la Haute autorité de la santé a recommandé de commencer par les résidents et certains salariés à risque des maisons de retraite, suivis des personnes âgées et des personnels sanitaires, puis des plus de 50 ans, ensuite des personnes dont le métier favorise une infection et des personnes vulnérables et en précarité, et enfin du reste de la population.
Une seule membre du comité a voté mardi contre les recommandations adoptées aux Etats-Unis, après avoir soulevé la question des effets secondaires des vaccins sur les personnes âgées.
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Les données détaillées des essais cliniques de phase 3, c'est-à-dire sur des milliers de volontaires, n'ont pas encore été publiées, bien que les fabricants aient indiqué qu'aucun effet indésirable grave n'avait été lié à leurs vaccins.
Historiquement, la quasi-totalité des effets secondaires apparaissent dans les six semaines suivant la vaccination, et les essais ont permis d'accumuler deux mois de données de sécurité.
Mais la surveillance va continuer après l'autorisation: de nombreux systèmes, existants et nouveaux, de pharmacovigilance permettront de suivre, semaine par semaine, l'apparition d'effets secondaires graves chez les personnes vaccinées, ont détaillé des responsables des CDC.