Une semaine après l'Ile-de-France et les grandes métropoles, le décret interdisant les déplacements entre 21h00 et 6h00 du matin dans 38 nouveaux départements a été publié dans la nuit, concernant quelque 43 millions de Français.
Samedi matin, le ministre de la Santé Olivier Véran a défendu devant les députés la prolongation jusqu'au 16 février de l'état d'urgence sanitaire pour faire face à une "période qui sera longue et difficile", alors qu'un nouveau record de 42.032 cas de Covid-19 a été atteint en 24 heures vendredi, portant le total à 1.041.075 cas confirmés depuis mars.
Les députés examinent ce week-end le projet de loi qui vise à proroger ce régime d'exception, redéclenché samedi dernier et qui permet notamment les couvre-feux dans une partie du pays.
"Nous avons besoin de ce texte pour être efficaces dans la période" de deuxième vague du coronavirus, a déclaré le ministre au coup d'envoi des débats, avant de partir pour Marseille visiter l'Hôpital Nord avec le Premier ministre Jean Castex.
Sur place, ce dernier a constaté "une nouvelle fois" que "le meilleur moyen" de "soulager l'hôpital, c'est finalement de ne pas tomber malade et ça, ça dépend de chacune et chacun d'entre nous", a-t-il insisté, appelant la population à respecter "à tout prix" le couvre-feu et "encore mieux, tous les gestes barrières", y compris dans la sphère privée.
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La veille, le président Emmanuel Macron a jugé qu'il était trop tôt pour prévoir "des reconfinements locaux ou plus larges", préférant attendre "le milieu de la semaine prochaine (pour avoir) une vision plus claire de l'impact des mesures" prises. Mais il faudra vivre avec le virus "au mieux jusqu'à l'été 2021", a-t-il averti.
Le taux de positivité des tests ne cesse de grimper, atteignant 15,1% contre 14,3% la veille, contre seulement 4,5% début septembre. Le bilan s'alourdit aussi chaque jour, avec 298 nouveaux décès, portant le total à au moins 34.508 morts.
"La différence par rapport à la première vague c'est qu'on a toutes les pathologies chroniques de la période hivernale à prendre en charge", a souligné sur CNews Agnes Ricard-Hibon, médecin urgentiste.
"On essaie d'anticiper un peu plus, un peu mieux, on a plus de moyens matériels, mais pas assez de personnels soignants", a renchéri sur BFMTV Nadège Houbgbo, infirmière au service de réanimation de Lariboisiere, alors que les hôpitaux parisiens ont sonné l'alerte générale: armement de lits de réanimation supplémentaires, déprogrammation d'opérations, annulation de congés et appel aux volontaires.
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Dans la vallée du Gier (Loire), la situation est déjà si tendue que des maires ont réclamé à l'Etat l'assistance sanitaire de l'armée pour pallier le manque de soignants, comme pour Mulhouse au printemps dernier. Au rythme actuel, "tous les patients qui le nécessiteront ne pourront plus être admis en réanimation dans l'Hôpital du Gier d'ici 15 jours", s'alarme notamment Vincent Bony, maire de Rive-de-Gier.
S'ils échappent pour le moment à un confinement, deux tiers des Français doivent désormais renoncer à leurs soirées en liberté. Une pilule parfois difficile à avaler.
"Cela va beaucoup nous affecter", s'inquiète le patron d'un bar-restaurant de Strasbourg, Franck Meunier, qui gère plusieurs établissements et s'attend à une baisse de chiffre d'affaires entre "30 et 40%".
A Lyon, les bouchons privés de clients le soir renouent avec la tradition du "mâchon", un repas de cochonnailles bien arrosé à déguster le matin. "Même si on a le sourire, la situation est compliquée", soupire le patron du "Poêlon d'Or" Yann Lalle.
Dans une tribune parue dans Le Monde, la défenseure des droits Claire Hédon se demande si le couvre-feu est la mesure "la plus adéquate, considérant l'ampleur de l'atteinte aux libertés qu'elle implique" et en appelle à un "débat public approfondi".
Une autre voix critique s'est élevée samedi, le généticien Axel Kahn estimant sur Franceinfo que la réouverture des universités à la rentrée était une "erreur grossière" compte tenu du nombre "considérable" de "contaminations d'étudiants".