"Un million est un nombre terrible", a déclaré dès vendredi le directeur des Situations d'urgence de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Michael Ryan, estimant un doublement "très probable".
Les perspectives sont sombres, en effet, avec une courbe qui repart à la hausse en Europe, au Moyen-Orient et en Asie, renforçant la crainte d'une seconde vague. Et ce alors que les restrictions sanitaires adoptées par les gouvernements, comme les confinements, les fermetures des bars et restaurants ou l'interdiction des rassemblements, se heurtent dans de nombreux pays au mécontentement croissant de la population.
Plus de 32,9 millions de cas ont été officiellement diagnostiqués depuis le début de l'épidémie, dont au moins 22,5 millions sont aujourd'hui considérés comme guéris. Les Etats-Unis (près de 205.000 morts), le Brésil (près de 142.000), l'Inde (près de 100.000) et le Mexique (plus de 76.000) comptabilisent à eux seuls plus de la moitié des décès recensés dans le monde. L'Inde, où entre 80.000 et 90.000 nouvelles infections sont recensées chaque jour, a dépassé lundi la barre des 6 millions de cas.
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Et on ne peut pas "sauver les gens aujourd’hui simplement en priant ou en travaillant sur des vaccins qui ne viendront que plus tard", a prévenu vendredi le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Cinq vaccins (trois occidentaux et deux chinois) sont en phase 3 de tests. Un candidat-vaccin russe, Spoutnik V, a donné des résultats préliminaires encourageants.
Mais ces recherches ne peuvent pour l'instant pas prendre de vitesse le virus.
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Le 11 mars, lorsque l'OMS déclare que le coronavirus est une "pandémie", 30 pays et territoires recensent 4.500 morts, dont les deux tiers en Chine, mais l'Italie (800 morts) et l'Iran (300 morts) voient leur nombre de décès s’envoler.
En Italie, premier pays hors la Chine à confiner sa population, les témoignages de médecins exténués, expliquant que face à l'afflux de malades ils doivent choisir qui soigner "comme dans les situations de guerre", créent une onde de choc.
L'épidémie flambe en Espagne, qui devient le deuxième pays le plus touché d'Europe. A Madrid, une patinoire est transformée en morgue.
En Equateur, des cadavres en décomposition jonchent les rues de Guayaquil, deuxième ville du pays. Une force spéciale est créée pour les enlever.
Quand la France franchit fin mars la barre des 3.000 décès, Patrick Vogt, médecin à Mulhouse (est), est aux premières loges. "Un certain nombre de médecins commençaient à mourir", dit-il très ému. "Il y a eu un avant et un après".
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Au Royaume-Uni, la stratégie de laisser le virus bâtir une "immunité collective" devient intenable et le pays confine sa population le 23 mars.
Début mai, ce pays dépasse l'Italie avec plus de 30.000 morts.
Plus de 4,5 milliards de personnes dans 110 pays ou territoires sont alors contraintes ou incitées par leurs autorités à rester confinées chez elles.
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Les reports ou annulation des grands événements sportifs et culturels se multiplient: Jeux olympiques de Tokyo, festival de cinéma de Cannes, Euro-2020 et Copa America en foot, tournoi des six nations de rugby...
La pandémie cloue au sol la quasi-totalité de la flotte mondiale. L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) évalue pour 2020 à 419 milliards de dollars le manque à gagner pour le secteur.
L'impact sur la plupart des grandes économies mondiales ne se fait pas attendre: une contraction sans précédent au deuxième trimestre. Aux Etats-Unis, première économie mondiale, la chute y est de 9,5%, selon l'OCDE, et plus de 20 millions d'emplois y sont détruits en avril.
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La Chine, deuxième économie de la planète, évite en revanche la récession en endiguant l'épidémie.
Des chefs d'Etat et de gouvernement sont contaminés, comme le Premier ministre britannique Boris Johnson, en soins intensifs du 6 au 9 avril.
Et la pandémie emporte des personnalités comme le jazzman américain Ellis Marsalis ou la légende camerounaise de l'afro-jazz Manu Dibango.
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Elle décime aussi des familles entières. "C'est un cauchemar", confie le Péruvien Juan Diaz, un professeur de 58 ans qui a perdu en quelques semaines son père Cecilio, 80 ans, sa mère Edith (77), ses frères Ernesto (54) et Willy (42), et sa soeur Maribel (53).
Elle bouleverse la façon même de mourir.
"Les prêtres ou la famille ne peuvent plus se rendre au chevet des mourants et cela représente une fracture abyssale", relève la sociologue franco-israélienne Eva Illouz.
C'est "dévastateur", confie Monica Farias, qui en Argentine n'a pu échanger que quelques mots au téléphone avec son père avant sa mort.
Les traditions funéraires sont bousculées.
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Les Irakiens ont dû enterrer pendant des mois leurs proches dans un cimetière spécial près de Najaf au sud de Bagdad.
En Afrique du Sud, les croque-morts sont en tenue de protection jaune vif. A San Cristobal, au Venezuela, "seuls les fossoyeurs peuvent être là", explique Fermin Pérez, employé du cimetière.
Aux Etats-Unis, pays le plus endeuillé du monde, la pandémie, minimisée par le président Donald Trump, se retrouve au coeur de la campagne pour la présidentielle de novembre.
Au Brésil, deuxième pays le plus endeuillé du monde, la pandémie réveille des peurs ancestrales chez les indigènes du bassin amazonien: les maladies des Européens ont décimé 95% des populations autochtones d'Amérique.
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En Asie, la hausse est continue depuis avril. Le continent s’approche aujourd’hui des 1.500 morts par jour.
L'Italie semble montrer toutefois qu'il n'y a pas de fatalité: le nombre de contagions quotidiennes y reste depuis des semaines sous la barre des 2.000. Les Italiens "ont réagi avec force et inversé la tendance", a salué vendredi l'OMS sur Twitter.