Le pays le plus peuplé de la planète après la Chine déplore désormais plus de 182.000 morts du Covid et 15,6 millions de contamination, conduisant le Premier ministre Narendra Modi à intervenir pour la première fois à la télévision depuis l'explosion des chiffres.
Reconnaissant que l'Inde et ses 1,3 milliard d'habitants livraient "une nouvelle fois une grosse bataille", Narendra Modi a demandé à ses compatriotes d'agir davantage contre le coronavirus afin d'éviter de nouveaux confinements, alors que cette deuxième vague épidémique a frappé le pays "comme un ouragan".
Cette recrudescence exponentielle, avec près de 3,5 millions de nouvelles contaminations depuis le début avril, est notamment imputée à une "double mutation" du virus.
Hospitalisation "quasiment impossible"Malgré ses villes surpeuplées et la vétusté de son système de santé, l'Inde avait jusqu'à présent réussi à sortir relativement épargnée d'une pandémie à l'origine de plus de trois millions de décès dans le monde.
Selon la presse, la production de médicaments essentiels contre le coronavirus a été ralentie, voire suspendue, dans certaines usines et les appels d'offres pour des installations de production d'oxygène ont pris du retard.
Aujourd'hui, des familles de malades désemparées sont contraintes de payer des prix exorbitants sur le marché noir pour obtenir des médicaments et de l'oxygène, et les réseaux sociaux sont inondés d'appels à l'aide désespérés.
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"J'ai peur pour mes parents et mes proches plus que pour moi-même, car ils ne sont plus tout jeunes et se faire admettre dans un hôpital en ce moment est quasiment impossible", a confié à l'AFP un habitant de Delhi.
Le ministre en chef de Delhi, Arvind Kejriwal, qui s'est isolé mardi après que son épouse eut été testée positive, a tweeté tard mardi que certains hôpitaux de la mégalopole n'avaient "plus que quelques heures d'oxygène" en réserve.
Le ministre de la Santé de la mégapole d'environ 25 millions d'habitants, Satyendar Jain, a exhorté le gouvernement fédéral à "rétablir la chaîne d'approvisionnement en oxygène pour éviter une crise majeure".
Mais les hôpitaux de l'État du Maharashtra, dans l'ouest du pays, et de sa capitale surpeuplée, Bombay, épicentre de la flambée de coronavirus, connaissent déjà de graves pénuries, selon la presse.
Manque de traitements"La plupart des patients sont renvoyés chez eux parce que nous n'avons pas assez d'oxygène et de Remdesivir pour les traiter", explique Harish Krishnamashar, médecin au Ramaiah Medical College Hospital, à Bangalore (sud).
Les quantités d'oxygène servant habituellement à couvrir les besoins d'une semaine sont épuisées en moins de 48 heures, précise-t-il.
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"Le (gouvernement central), les États et les secteurs privés tentent de faire en sorte que chaque patient dans le besoin reçoive de l'oxygène", a affirmé Modi mardi soir.
Le variant et le vaccin?L'Inde a administré plus de 130 millions de vaccins jusqu'à présent et, à partir du 1er mai, tous les adultes pourront se faire vacciner.
"Je pense que dans une semaine ou deux, nous aurons une estimation plus quantitative de la réaction du (virus) variant au vaccin", a déclaré à l'AFP Rakesh Mishra, du Centre de biologie cellulaire et moléculaire.
Certaines autorités locales se sont toutefois retrouvées à court d'approvisionnement, et l'Inde a dû freiner les exportations du vaccin d'AstraZeneca.
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Les États du pays ont imposé différentes mesures de restrictions : depuis lundi soir Delhi est confinée pour une semaine, tous les magasins non essentiels ont été fermés dans le Maharashtra et l'État d'Uttar Pradesh, qui compte 200 millions d'habitants, impose un confinement pendant le week-end.
Le confinement de Delhi a incité des dizaines de milliers de travailleurs migrants à fuir la mégapole, rappelant la crise humaine et économique de l'an dernier.
Les États-Unis déconseillent désormais les voyages en Inde, même pour les personnes entièrement vaccinées, tandis que la Grande-Bretagne a ajouté l'Inde à sa "liste rouge".
Hong Kong et la Nouvelle-Zélande ont interdit les vols.