"Les causes s'orientent, possiblement, vers un problème de carburant (...). C'est une hypothèse qui se renforce, mais qui doit être analysée par les enquêteurs, comme les informations de la boîte noire ou les enregistrements de la tour de contrôle", a déclaré Alfredo Bocanegra, directeur de l'Aviation civile colombienne, à des journalistes..
Cette éventualité semblait corroborée par un message du pilote à la tour de contrôle: "Mademoiselle, Lamia 2933 est en panne totale, panne électrique totale, sans carburant!", a lancé Miguel Quiroga, peu avant 22h00 lundi (03h00 GMT mardi), à quelques minutes du crash.
L'enregistrement de ce message, diffusé mercredi par plusieurs grands médias colombiens, n'a pas été confirmé par les autorités et l'AFP n'a pu le vérifier de manière indépendante.
L'accident est survenu lorsque l'appareil, un British Aerospace 146 de la compagnie bolivienne Lamia avec à son bord 77 personnes, a percuté une montagne, quelques minutes avant son atterrissage sur l'aéroport de Rio Negro, qui dessert Medellin (nord-ouest).
Autonomie limitéeSelon des médias brésiliens, l'autonomie de cet appareil, mis en service en 1999, serait légèrement inférieure à la distance entre Santa Cruz, en Bolivie, d'où il venait, et Medellin. Les médias colombiens, qui citent des enquêteurs, affirment que l'avion attendait qu'un autre appareil se pose pour atterrir à son tour.
Une source militaire avait auparavant déclaré à l'AFP qu'il était "très suspect que malgré la chute de l'appareil, celui-ci n'ait pas explosé. Cela renforce la théorie du manque de carburant à bord de l'appareil".
Les deux boîtes noires de l'appareil ont été retrouvées en "parfait état", selon l'Aviation civile. "Elles devraient tout nous dire", a déclaré le ministre colombien des Transports, Jorge Eduardo Rojas.
"Les permis de l'équipage étaient en ordre, tout était en ordre", a souligné de son côté Cesar Varela, le chef de l'aviation civile bolivienne.
Preuves techniquesLes enquêteurs de l'aviation civile, chargés des investigations avec l'aide d'experts brésiliens et britanniques, s'appuieront sur les preuves techniques, les documents et les constatations faites sur les lieux du sinistre où la carlingue, en grande partie désintégrée, était encore visible mercredi.
L'accident est survenu dans de mauvaises conditions météorologiques, dans une zone d'accès très difficile, à 3.300 m d'altitude, et battue par de fortes pluies.
Le chef de la diplomatie brésilienne, José Serra, est arrivé à Rionegro pour s'informer de la situation des rescapés et du transfert des dépouilles, dont 42 ont été identifiées.
L'un des joueurs survivants, le gardien Jackson Follmann, amputé de la jambe droite, se trouvait mercredi dans un état "encourageant", a annoncé l'Hôpital San Vicente où il est soigné.
Partie du Brésil, l'équipe de Chapecoense, qui vivait un véritable conte de fées sportif avec cette première finale de la Copa sudamericana en ligne de mire, avait dû faire escale à Santa Cruz, en Bolivie, pour des raisons de législation, avant de reprendre un vol pour la Colombie.
Le modeste club de cette ville du sud du Brésil de quelque 200.000 habitants devait jouer la finale aller de la Copa sudamericana, l'équivalent de l'Europa League, face au mythique Atletico Nacional de Colombie.
"Je n'ai plus aucun espoir", a dit à l'AFP un supporter, Nelsiro Miranda, à Chapeco, plongée dans le deuil et le silence. "On n'entend plus de musique, on n'entend plus rien", a ajouté Aline Fonseca, 21 ans, aux abords du stade.
Des rubans noirs ont été accrochés aux bâtiments et une cérémonie était prévue dans le stade mercredi soir, alors que le Brésil entier est en deuil pour trois jours depuis mardi.
A Medellin, l'Atletico Nacional s'apprêtait également à rendre hommage aux victimes, parmi lesquelles figurent aussi une vingtaine de journalistes sportifs, dans son stade à l'heure prévue de la rencontre, soit 18h45 (23h45 GMT). Ses fans avaient été invités à s'y rendre vêtus de blanc et avec des bougies.
Le club a demandé à la CONMEBOL, la Confédération sud-américaine, que la Copa sudamericana soit attribuée d'office à Chapecoense.
Au Brésil, plusieurs grands clubs, dont Palmeiras, Fluminense et Botafogo, ont annoncé qu'ils prêteraient gratuitement certains de leurs joueurs au Chapecoense pour la saison 2017.