Autour de 600.000 visiteurs sont attendus en neuf jours, dans un climat électrique. Car la France vient de connaître dix jours de crise agricole marquée par des blocages d’autoroutes et des déversements de fumier.
L’alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs n’a pas relâché la pression sur le gouvernement depuis qu’elle a appelé le 1er février à lever les blocages, à la suite d’annonces gouvernementales allant du versement d’aides d’urgence à des décrets de simplification administrative en passant par une «pause» sur le plan de réduction des pesticides Écophyto.
«Que personne ne pense que, parce que les tracteurs sont rentrés, les choses sont réglées», a mis en garde la semaine dernière le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau.
La «qualité» de la visite du président français Emmanuel Macron au salon, qui a lieu traditionnellement le premier samedi de l’événement, «en dépendra», a ajouté le dirigeant syndical qui doit s’entretenir avec le chef de l’État mardi prochain.
La FNSEA veut constater les premiers résultats des mesures annoncées et attend la levée de ce qu’elle considère comme des freins à la production française (interdiction de pesticides, concurrence déloyale, surabondance de normes et de paperasserie...).
La colère du monde agricole s’exprime ailleurs aussi en Europe, avec des manifestations en Grèce, Italie, Espagne, Pologne...
«Aussi le salon des grands-mères»
Dans ce contexte, les organisateurs du salon redoutent l’irruption de manifestants. La sécurité sera portée «au maximum», a indiqué jeudi Arnaud Lemoine, le directeur de l’organisation propriétaire de l’événement.
«Évidemment, c’est le salon des agriculteurs, évidemment on comprend les revendications (...) et les manifestations. Mais les manifestations, [c’est] pas au salon», a-t-il plaidé.
«Le salon doit rester malgré tout une belle fête», a-t-il insisté, soulignant que «c’est aussi le salon des grands-mères, des poussettes, des familles. Et donc on se doit de les accueillir convenablement, normalement.»
Lire aussi : Colère des agriculteurs en France: les camions marocains épargnés pour le moment
L’ancien directeur de la communication de la FNSEA formule l’espoir «que le gouvernement répondra aux attentes des agriculteurs afin qu’on ait le meilleur salon possible».
En attendant, le gouvernement multiplie les marques d’attention.
Le président Macron a reçu trois syndicats agricoles la semaine dernière (Confédération paysanne, Coordination rurale et MODEF). Quant au Premier ministre Gabriel Attal, il a reçu une nouvelle fois les présidents de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, avant de se déplacer jeudi sur le terrain auprès d’éleveurs.
«Reconnaissons aussi qu’il y a des sujets qui sont du temps long», a déclaré dimanche le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, en admettant que la «sérénité» ne serait «pas forcément» au rendez-vous du salon.
Avant les élections européennes en juin, les responsables politiques devraient défiler devant Oreillette, la vache égérie du salon, une Normande de cinq ans, élevée dans le nord-ouest de la France par François Foucault et sa fille Lucie.
Son lait, précisent les organisateurs, permet de produire en moyenne 10,5 camemberts par jour.
L’événement reste un haut lieu de la célébration du terroir français, notamment via le concours général agricole, où sont couronnés «les plus parfaits représentants de leur espèce» parmi plus de 2.000 vaches, chèvres, moutons, porcs, chevaux, ânes, chiens et chats. Des milliers de médailles sont aussi décernées à des vins et produits régionaux (charcuterie, fromage mais aussi la choucroute pour la première année...)
Le Salon de l’agriculture a lieu tous les ans à Paris depuis 1964, sauf en 2021, édition annulée en raison de l’épidémie de Covid-19.