"Pas grand chose ne se passe en Russie sans l'aval de Vladimir Poutine", a accusé Barack Obama, interrogé lors d'une conférence de presse sur la responsabilité éventuelle du chef du Kremin dans les cyberattaques qui ont visé le parti démocrate et des proches de la candidate battue Hillary Clinton.
"Nous avons dit et je le confirme que (la décision s'est prise) au plus haut niveau du gouvernement russe", a insisté le président démocrate sortant, lors de sa dernière conférence de presse de l'année et avant de laisser la place à la Maison Blanche, le 20 janvier, au républicain Donald Trump.
Il a d'ailleurs invité son successeur, qui veut se rapprocher du président Poutine, à accepter une enquête "bipartite, indépendante" sur ces piratages.
Barack Obama a aussi révélé avoir demandé directement en septembre, en marge d'un Sommet du G20 en Chine, à Vladimir Poutine de "cesser" les cyberattaques, au risque de "conséquences sérieuses s'il ne le faisait pas".
A l'époque, le chef de l'Exécutif américain s'inquiétait de l'impact possible de ces piratages sur le scrutin de 8 novembre pour lequel la presse et les instituts de sondages pronostiquaient une victoire d'Hillary Clinton.
"J'ai donc dit à la Russie d'arrêter et indiqué qu'autrement il y aurait des conséquences", a martelé le président Obama.
"Notre objectif reste d'envoyer un message clair à la Russie et aux autres de ne pas nous faire cela car nous pouvons aussi vous faire des choses", a-t-il menacé.
A un journaliste qui lui demandait si Hillary Clinton avait perdu à cause de ces piratages, Barack Obama s'est contenté de répondre: "Je ne trouve pas qu'elle ait été traitée de façon juste durant cette élection, la façon dont elle, et ces questions, ont été traitées sont préoccupantes".
Citant un sondage selon lequel 37% des républicains américains, traditionnellement hostiles à la Russie, approuvaient la politique de Vladimir Poutine, Barack Obama a lancé à propos de son prédécesseur très populaire au sein de la droite américaine: "Ronald Reagan doit se retourner dans sa tombe. Comment a-t-on pu en arriver là ?"
Il a également déploré la place médiatique qu'ont pris les révélations au compte-gouttes pendant la campagne, tirées des e.mails du directeur de campagne d'Hillary Clinton, John Podesta, et du parti démocrate.
D'ailleurs, la FBI s'est rangée aux conclusions de la CIA sur une intervention de la Russie dans la campagne présidentielle américaine, selon le Washington Post vendredi.
Ne craignant apparemment pas de s'aliéner ces puissantes agences de renseignements, Donald Trump avait affirmé dimanche qu'il ne "croyait pas" à la thèse selon laquelle la Russie avait cherché à le faire élire le 8 novembre. Moscou a dénoncé vendredi des accusations "indécentes".
Pour sa part, Hillary Clinton a accusé la Russie et le président Poutine d'être partiellement responsables de sa défaite, lors d'un dîner avec des donateurs de sa campagne, a rapporté vendredi le New York Times. Et Barack Obama a encore éreinté la Russie, "pays plus petit et plus faible" que l'Amérique.
"M. Poutine peut nous affaiblir comme il tente d'affaiblir l'Europe si nous commençons à admettre l'idée qu'il est acceptable d'intimider la presse, ou d'enfermer les dissidents ou de discriminer les gens sur la base de leur foi ou de leur apparence", a tonné le président américain.
En revanche, il s'est montré conciliant avec la Chine, que Trump a justement ulcéré ces derniers jours, en se félicitant que Pékin ait réduit ses cyberattaques après les avertissements de Washington. "J'avais dû avoir la même conversation avec le président Xi (Jinping) et nous avons depuis détecté des signes montrant qu'ils avaient réduit, mais pas complétement éliminé, ces activités", a conclu le président sortant.