Plusieurs heures avant le coup d'envoi prévu des rassemblements, des centaines de manifestants se sont rassemblés devant la Grande Poste, épicentre de la contestation, au centre de la capitale Alger en chantant "Y en a marre de ce pouvoir, Y en a marre". Certains ont campé toute la nuit sur le parvis de ce bâtiment emblématique.
Amine, 45 ans, a lui pris la route aux aurores depuis Béjaïa (180 km à l'est d'Alger). "Nous sommes là pour lancer un dernier appel à ce pouvoir: Prenez vos bagages et partez!", dit-il. Tous les manifestants le rappellent: ils souhaitent le départ de l'ensemble du régime et pas seulement du chef de l'Etat.
Bouteflika, 82 ans, et à la tête de l'Algérie depuis 20 ans -un record de longévité- est toujours en fonctions, après plus d'un mois de contestation inédite. Mais, lâché par une large partie de l'ossature du système au pouvoir, il apparaît extrêmement isolé. Et il n'est pas le seul. Le coup de gueule de ce manifestant contre tous les représentants du régime est admirable.
En prônant mardi la mise en oeuvre de mécanismes constitutionnels pour écarter Bouteflika, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée depuis 15 ans, et jusque-là soutien indéfectible du président, a rapidement rallié à sa cause l'essentiel de ceux qui étaient les plus zélés prosélytes du chef de l'Etat. Mal lui en a pris.
Ce 6e vendredi de manifestations à travers l'Algérie -théâtre les semaines précédentes de très importants rassemblements- signifie que l'éventuelle mise à l'écart du président, très affaibli depuis 2013 par les séquelles d'un AVC, ne suffira pas à calmer la contestation, à un mois de l'expiration constitutionnelle de son mandat actuel.
Devant la Grande Poste, fidèle à l'humour qu'affichent les manifestants, l'un d'eux brandit une affiche où il est écrit: "102, ce numéro n'est plus en service, veuillez contacter le peuple". Sur une grande banderole, on peut lire: "Nous demandons l'application de l'article 2019. Vous partez tous!".