Cette attaque est la deuxième plus meurtrière en un mois, après celle ayant visé le 2 juillet un contingent burkinabè de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) au sud-ouest de Tombouctou, faisant six tués dans leur rang. L'opération avait alors été revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
L'assaut de lundi matin a visé un camp de l'armée malienne à Gourma-Rharous, à environ 140 km à l'est de Tombouctou, selon des sources militaires maliennes, qualifiant les assaillants de "terroristes" et "jihadistes". L'attaque "terroriste" a eu lieu "aux environs de 05H30" (locales et GMT), elle "a fait dix morts dans nos rangs", a affirmé une source militaire jointe à Gao, la plus grande ville du nord du Mali.
Selon un responsable de l'armée dans la capitale Bamako, les assaillants ont ciblé "une unité de la Garde nationale" basée à Gourma-Rharous. "Une dizaine de nos hommes ont été tués" par les assaillants, qui "sont des éléments jihadistes liés à Ansar Dine notamment", a-t-il ajouté. Des renforts ont été dépêchés sur les lieux, d'après les deux sources militaires.
Un habitant de Gourma-Rharous a évoqué à l'AFP "dix morts et deux blessés légers" dans les rangs de l'armée. "Les bandits armés sont venus un peu avant 05H30, ils ont attaqué. Ça n'a pas duré, vers 06H00 ou 06H30, c'était fini", a témoigné cet habitant sous couvert d'anonymat. "On était terrés chez nous, on a commencé à sortir de nos maisons après 07H00. On a peur", a-t-il ajouté.
Un résident de Tombouctou a affirmé à l'AFP avoir joint des habitants de Gourma-Rharous, qui ont parlé de "dix Gardes nationaux tués, un véhicule emporté et un autre brûlé" par les assaillants. Ces derniers auraient crié "Allah akbar" (Dieu est le plus grand) en pénétrant dans le camp, d'après les mêmes témoignages.
Faire dérailler le processus de paix
Longtemps concentrées dans le nord du Mali, les attaques jihadistes se sont étendues depuis le début de l'année vers le centre, puis à partir de juin dans le sud, près des frontières ivoirienne et burkinabè. Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda - dont Aqmi et Ansar Dine, fondé par un ex-rebelle touareg malien - après la déroute de l'armée face à la rébellion, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.
Bien que les jihadistes en aient été dispersés et en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale, des zones entières échappent encore au contrôle des autorités maliennes comme des forces étrangères.
Le 2 juillet, des Casques bleus burkinabè rentraient à leur base lorsqu'ils sont tombés dans une embuscade à moins de 50 km au sud-ouest de Tombouctou, selon la Minusma. Bilan: six morts et deux blessés dans leurs rangs, deux véhicules détruits par les assaillants.
Samedi, deux militaires maliens ont été tués et quatre blessés dans une nouvelle embuscade vers Nampala, ville-garnison dans la région de Ségou (centre) proche de la frontière mauritanienne, qui avait déjà été visée par une attaque jihadiste meurtrière en janvier. Ces attaques illustrent la difficulté d'isoler les jihadistes des rebelles, ayant signé le 20 juin un accord de paix entériné par le camp gouvernemental le 15 mai. Cet accord vise à instaurer une paix durable dans le nord du Mali, qui a connu une série de rébellions touareg depuis les premières années d'indépendance du pays, en 1960.
En dépit de cet engagement, "il y aura énormément de forces négatives qui vont essayer de faire dérailler le processus de paix", avait prévenu en juillet le chef de la Minusma, Mongi Hamdi, assurant que ces tentatives n'entameront pas la détermination de l'ONU à soutenir le processus de paix. Après l'embuscade de samedi, le gouvernement malien a aussi déclaré que ses partenaires et lui demeurent engagés "dans le processus irréversible d'une paix durable".