Air Force One a atterri peu avant 10H00 (07H00 GMT) dans la capitale saoudienne où Donald Trump, accompagné notamment de son épouse Melania et de sa fille aînée Ivanka, a été accueilli en grande pompe par le roi Salmane sur le tapis rouge.
Quelques heures plus tôt, à peine Air Force One avait-il décollé de la banlieue de Washington que de nouveaux développements sur l'enquête russe étaient révélés. Facteur d'inquiétude supplémentaire pour la Maison Blanche: le Sénat annonçait que l'ex-chef du FBI James Comey, silencieux depuis son limogeage brutal il y a dix jours, avait accepté de témoigner.
Si ses prédécesseurs réservaient traditionnellement leur premier déplacement à leur voisin direct - Mexique ou Canada -, l’ex-magnat de l'immobilier a, lui, choisi la monarchie pétrolière saoudienne, première étape d'un long périple qui s’achèvera en Europe. La méfiance des pays sunnites du Golfe vis-a-vis de Barack Obama était notoire. A l’instar d’Israël, l’Arabie saoudite et ses alliés ont salué chaleureusement l’élection de M. Trump.
Le roi Salmane, avec lequel le président républicain doit se réunir en début d'après-midi, a appelé à "un nouveau partenariat" entre les Etats-Unis et les pays musulmans, dont nombre de dirigeants seront présents dimanche à Ryad. "Il aura un message plus dur sur l'Iran (le grand rival chiite, NDLR), il ne leur fera pas la leçon sur la démocratie et les droits de l'Homme et il sera applaudi", résume Philip Gordon, du Council on Foreign Relations. "Mais la véritable question est de savoir ce qu'il leur demandera et ce qu'il peut espérer obtenir".
Contrats d'armement
La Maison Blanche appelle de ses voeux une implication plus forte des pays du Golfe dans la lutte contre ceux que Donald Trump qualifie de "terroristes islamiques radicaux".
Dimanche, toujours à Ryad, le président américain prononcera devant une cinquantaine de dirigeants de pays musulmans un discours soulignant ses "espoirs" pour une "vision pacifique" de l'islam. Ce sommet a été "béni" par l'imam de La Mecque qui a rappelé que le royaume saoudien était "porteur de la bannière de l'islam". "J'exprimerai la position du peuple américain de manière franche et claire", a promis M. Trump dans son allocution hebdomadaire diffusée vendredi soir.
Il y a huit ans, son prédécesseur Barack Obama avait, depuis Le Caire, appelé à un "nouveau départ" entre les Etats-Unis et les musulmans à travers le monde, "un départ fondé sur l'intérêt mutuel et le respect mutuel".
La visite de Donald Trump devrait aussi donner lieu à des annonces de contrats d'armement chargés de promesse pour l'industrie américaine.
"L'énorme point d'interrogation à garder en tête, si l'Arabie saoudite signe des contrats pour un total de 100 milliards de dollars, est de savoir comment ils pourront régler la facture, avec les prix actuels du pétrole", tempère Bruce Riedel, ancien de la CIA aujourd'hui analyste à la Brookings Institution.
Vendredi soir, la défense aérienne saoudienne a annoncé avoir "intercepté" à 180 km au sud-ouest de Ryad un missile tiré par les rebelles Houthis depuis le Yémen voisin, ravagé par la guerre depuis plus de deux ans.
Une coalition militaire arabe sous commandement saoudien intervient depuis mars 2015 au Yémen en soutien au gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi contre les Houthis, alliés à des unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Les rebelles contrôlent la capitale Sanaa depuis 2014 et restent maîtres de vastes régions du pays.
Tweets matinaux ?
Malgré cet incident, l'Arabie saoudite, où Donald Trump passera deux jours, pourrait en définitive être l'étape la plus aisée du voyage du nouveau locataire de la Maison Blanche, qui peine à prendre ses marques. Son périple le mènera également en Israël, dans les Territoires palestiniens, au Vatican, à Bruxelles et en Sicile pour les sommets de l'Otan et du G7 où les alliés européens de Washington seront en quête d'engagements clairs. Au-delà de ses orientations diplomatiques, le comportement de l'exubérant président septuagénaire sera observé à la loupe.
Durant ses huit jours loin des Etats-Unis, partagera-t-il chaque matin sur Twitter ses exaspérations, comme il a pris l'habitude de le faire depuis son arrivée au pouvoir le 20 janvier?
Son équipe, secouée par une séquence tumultueuse qui a poussé certains élus républicains à exprimer leurs réserves, s'efforce pour l'heure de mettre en avant la dimension "historique" de ce déplacement au cours duquel le 45e président américain ira à la rencontre des trois grandes religions monothéistes.