Le président américain s'exprimera lors d'une conférence de presse depuis les jardins de la Maison Blanche à 10H (15H GMT) avant de s'envoler dans l'après-midi pour passer le week-end dans son club luxueux de Mar-a-Lago, en Floride.
Sa décision s'accompagne de celle de signer un compromis budgétaire obtenu de haute lutte au Congrès, qui marque la fin de longues tractations entre démocrates et républicains afin de financer les services publics fédéraux.
Elle devrait être le point de départ d'âpres combats politiques et judiciaires tant la volonté du président de placer le "magnifique mur" au-dessus de tout, y compris la séparation des pouvoirs selon ses détracteurs, suscite des critiques.
La Maison Blanche assure que cette initiative est la marque d'un homme qui n'oublie pas ses promesses une fois arrivé au pouvoir. Donald Trump, qui a désormais les yeux rivés sur la présidentielle de 2020, espère qu'elle lui permettra, une nouvelle fois, de galvaniser sa base électorale sur la question de l'immigration.
A l'unisson, ses adversaires démocrates martèlent qu'il n'y a pas d'urgence à la frontière et dénoncent un grave abus du pouvoir. Ils voient dans cette décision la basse manoeuvre politique d'un président affaibli par la perte de la Chambre des représentants en novembre et son recul fin janvier dans le bras de fer qu'il avait engagé sur l'immigration.
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Dans le camp républicain, l'initiative ne fait pas non plus l'unanimité. "Déclarer l'urgence nationale dans ce cas serait une erreur", a ainsi réagi la sénatrice républicaine Susan Collins.
"Honte à tout membre du Congrès qui ne s'opposera pas clairement et vigoureusement à cette invocation illégitime" d'une urgence nationale, a tonné la puissante organisation américaine de défense des libertés, ACLU.
Plusieurs présidents des Etats-Unis ont par le passé fait usage de ces dispositions, mais dans des circonstances très différentes et beaucoup moins controversées.
Jimmy Carter avait invoqué l'urgence après la prise d'otages à l'ambassade américaine de Téhéran en 1979. George W. Bush l'avait fait après les attentats du 11 septembre 2001. Et Barack Obama y avait eu recours lors de l'épidémie de grippe H1N1.
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Pour Peter Schuck, professeur émérite de droit à l'université de Yale, "le fait que le président puisse avoir le pouvoir de gaspiller des milliards de dollars au nom d'une promesse de campagne idiote est, en soi, scandaleux".
Dans un tribune publiée par le New York Times, il estime que le Congrès devrait définir plus rigoureusement les conditions dans lesquelles le président peut avoir recours au "National Emergencies Act", voté en 1976.
"Sur le long terme, ce sujet est autrement crucial pour la vitalité de notre démocratie que le fait de savoir si le président Trump aura finalement son mur", estime-t-il.
Avant de s'envoler pour la Floride, le président américain devrait signer la loi de financement approuvée jeudi à une large majorité au Sénat, contrôlé par les républicains, puis à la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates.
Elle ne comprend qu'un quart du budget qu'il réclamait haut et fort depuis des mois pour son édifice frontalier (1,4 milliard de dollars contre 5,7 milliards demandés). Et dans un combat politique qui est aussi chargé en symboles, elle ne mentionne pas le mot "mur", lui préférant "barrière" ou "clôture".