Dans son rapport annuel sur les droits de l’Homme dans le monde pour 2016, adopté lundi par les ministres des Affaires étrangères des États membres de l’Union européenne (UE), réunis en conseil à Bruxelles, l’UE a estimé que «dans un contexte marqué par des difficultés financières dues aux bas prix du pétrole et du gaz», l’exercice de certains droits, notamment la liberté de réunion et la liberté d'expression, est remis en question, dans la pratique, en Algérie.
Le rapport souligne que des restrictions au droit de réunion sont toujours en vigueur en Algérie où la permission de rassemblement est systématiquement refusée, précisant que plusieurs rassemblements de droits de l'Homme organisés par des associations ont été interdits et leurs organisateurs ont été arrêtés.
L’UE, qui affirme pourtant soutenir financièrement l’Algérie pour mettre sur les rails un vrai système de protection des droits de l’Homme et des libertés, regrette que des associations ne soient pas autorisées par le gouvernement à exercer librement leurs activités et que la liberté syndicale ne soit pas respectée.
Elle déplore également le fait que la justice algérienne inflige des peines d'emprisonnement sévères pour des délits d’opinion dans les médias et la presse, rappelant que plusieurs blogueurs ont été accusés de diffamation et condamnés à purger des peines de prison.
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L’Union européenne souligne aussi que des doutes subsistent quant au caractère indépendant des institutions mises en place par le pouvoir algérien comme la commission nationale des droits de l’Homme ou l’instance de lutte contre la corruption ou encore la haute instance de surveillance des élections.
Le non respect des droits de l’homme en Algérie a toujours constitué un point d’achoppement dans ses relations avec l’Union européenne, qui exige des garanties sur la protection des défenseurs des droits de l’Homme et leur consécration, à la fois dans les textes et dans la pratique.
Une résolution du Parlement européen avait, sur un ton grave, appelé le régime d’Alger à assurer et à garantir le droit à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique et à prendre les mesures qui s’imposent pour assurer la sécurité des militants de la société civile et des défenseurs des droits de l'Homme ainsi que leur liberté à poursuivre leurs activités pacifiques légitimes.
Les députés européens avaient également demandé à l’UE de faire un monitoring des droits de l’Homme et d’en assurer l’évaluation et d’introduire un chapitre «droits de l’Homme» dans le plan d’action UE-Algérie.
Le respect des droits de l'Homme figure également dans l'ordre du jour du conseil d'association UE-Algérie et dans les discussions tenues dans le cadre du dialogue politique.
L'Algérie a également été interpelée à maintes reprises sur la situation des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf, sous contrôle de l'armée algérienne, et la nécessité de réaliser un recensement des populations séquestrées dans ces camps dans des conditions déplorables.
Plusieurs ONG, observateurs et organismes de défense des droits de l'Homme avaient été interdits d'accès à ces camps où ils venaient s'enquérir de la situation des populations qui y sont retenues contre leur gré, séparées de leurs familles et privées de leurs droits les plus élémentaires.