Après la vague d'attentats coordonnés, des affrontements ont éclaté entre soldats et assaillants, faisant trente-huit morts parmi les jihadistes dans le Nord-Sinaï, selon des sources médicales et de sécurité, tandis que les chasseurs F-16 de l'armée bombardaient les positions de "l'EI". Le bilan des attaques est l'un des plus lourds subis par l'armée dans le bastion du groupe Ansar Beït al-Maqdess, branche de Daech dans le Sinaï, qui a multiplié les attentats contre les forces de l'ordre depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi en 2013.
Les jihadistes disent agir en représailles à la sanglante répression visant les pro-Morsi, qui a fait plus de 1.400 morts.L'Egypte marque vendredi le deuxième anniversaire de l'éviction du président islamiste.Au Caire, un haut responsable des Frères musulmans, Nasser al-Houfi, et huit autres personnes ont par ailleurs été tués mercredi dans un raid policier, ont indiqué des responsables de la police et un avocat de la confrérie islamiste dont est issu Morsi.
Dans le Sinaï, les jihadistes avaient lancé, peu après l'aube, une série d'attaques coordonnées d'une ampleur sans précédent contre plusieurs positions de l'armée, utilisant notamment des voitures piégées, selon des responsables. L'intensité des combats empêchait les ambulances de s'approcher, ont-ils indiqué.
"C'est la guerre. La bataille se poursuit", a indiqué un haut responsable militaire à l'AFP. "Vu le nombre de terroristes mobilisés et l'armement utilisé, (ces attaques sont) sans précédent". Au moins soixante-dix soldats et civils ont été tués, ont indiqué des responsables. Quinze soldats ont péri dans l'une des attaques, menée avec une voiture piégée contre un check-point au sud de Cheikh Zouweid, près d'Al-Arich, chef-lieu du Nord-Sinaï, a affirmé l'un d'eux.
“L'armée apostate”Les jihadistes ont également miné les abords d'un commissariat du Cheikh Zouweid pour empêcher l'arrivée de renforts, avant de prendre position sur les toits des immeubles aux alentours et d'attaquer le bâtiment avec des lance-roquettes, selon un colonel de police. Les chasseurs F-16 de l'armée ont alors bombardé les positions jihadistes.
Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, le groupe "Province du Sinaï" a revendiqué des attaques contre plus d'une quinzaine de barrages militaires, précisant que trois kamikazes avaient participé aux assauts.Se faisant autrefois appeler Ansar Beït al-Maqdess, ce groupe a changé de nom pour bien marquer son allégeance au "califat" auto-proclamé par le groupe ultraradical "EI" sur les territoires conquis à cheval sur l'Irak et la Syrie.
Ces attaques surviennent au surlendemain de l'assassinat au Caire du procureur général d'Egypte dans un attentat à la bombe, le plus haut représentant de l'Etat tué depuis le début de la vague d'attaques jihadistes en 2013.Si ce meurtre n'a pas été revendiqué, Ansar Beït al-Maqdess avait appelé il y a un mois ses partisans à s'attaquer aux juges en riposte à la pendaison de six hommes reconnus coupables d'avoir mené des attaques au nom du groupe.