Dans la nuit de vendredi à samedi, les forces israéliennes ont bombardé selon des témoins le sud de Gaza et notamment le secteur de Khan Younès (sud). Plus tôt vendredi, le ministère de la Santé du Hamas avait fait état de dizaines de morts dans des frappes sur Gaza incluant Khan Younès, nouvel épicentre des combats au sol et des raids aériens après une première phase de la guerre concentrée dans le nord du territoire.
«Aujourd’hui, à Gaza, quasiment tout est détruit et ce qui ne l’est pas est surpeuplé (...) On opère avec le minimum de médication pour être sûrs de ne pas manquer», a témoigné Enrico Vallaperta, spécialiste de la médecine de guerre qui rentre d’une mission de plusieurs semaines à Gaza pour Médecins sans frontières (MSF).
«Conditions de vie inhumaines»
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) déplore elle des «conditions de vie inhumaines» dans le petit territoire côtier, dont les 2,4 millions d’habitants manquent de tout y compris de télécoms.
Vendredi soir, l’opérateur palestinien Paltel a toutefois annoncé un «retour progressif» des services téléphoniques et d’internet après une semaine de coupure quasi-totale, la plus longue depuis le début de la guerre.
La guerre a été déclenchée par une attaque du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël qui a entraîné la mort de 1.140 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels israéliens.
Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées lors d’une trêve fin novembre. Un groupe armé palestinien allié du Hamas a d’ailleurs diffusé la vidéo d’un otage israélien blessé, affirmant qu’il avait été tué dans une frappe israélienne.
En représailles aux attaques du 7 octobre, Israël a juré «d’anéantir» le Hamas et bombarde depuis sans relâche le territoire malgré les appels de l’ONU et d’une grande partie de la communauté internationale en faveur d’un cessez-le-feu afin d’éviter que le bilan ne s’alourdisse encore.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, 24.762 personnes, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents ont été tuées et 62.108 blessées dans les opérations israéliennes.
Biden vs Netanyahu
Principal allié d’Israël et soutien clé dans sa guerre contre le Hamas, les États-Unis ont appelé ces dernières semaines l’armée israélienne à réduire le nombre des victimes civiles dans ses opérations et réitéré leur appui à la création d’un État palestinien, sujet au centre de dissensions avec le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
«Israël doit avoir le contrôle de la sécurité sur l’ensemble du territoire situé à l’ouest du Jourdain. Il s’agit d’une condition nécessaire, qui est en contradiction avec l’idée de souveraineté (palestinienne)», a déclaré jeudi M. Netanyahu.
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Les Palestiniens ont aussitôt fustigé ces déclarations et Washington a fait état au grand jour d’un différend avec son allié sur cette question au cœur non seulement du conflit mais des scénarios d’après-guerre dans la bande de Gaza.
Au lendemain de ses déclarations, M. Netanyahu s’est entretenu au téléphone avec le président américain Joe Biden sur le futur de la solution à «deux États», un État palestinien viable aux côtés d’Israël.
Le président américain «croit toujours à la perspective et à la possibilité» d’un État palestinien, mais «reconnaît qu’il faudra beaucoup de travail pour en arriver là», a déclaré un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, après ce premier entretien Biden-Netanyahu depuis le 23 décembre.
«Vraie claque»
À défaut de s’entendre avec Washington sur cette question, Israël a donné son feu vert à la livraison, via le port israélien d’Ashdod, de cargaisons de farine destinées à la bande de Gaza, selon la Maison Blanche.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a soutenu que la solution à «deux États doit être imposée de l’extérieur» tout en affirmant qu’Israël avait «créé» le Hamas pour «empêcher» justement la fondation d’un État palestinien et «financé» ce mouvement islamiste armé afin «d’affaiblir» l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.
En sens inverse, le conflit actuel à Gaza exacerbe les tensions entre Israël et l’«axe de la résistance» établi contre lui par l’Iran, rassemblant notamment au côté du Hamas le Hezbollah libanais et les Houthis yéménites.
Les Houthis ont eux revendiqué de nouveaux tirs contre un pétrolier américain dans le Golfe d’Aden, provoquant de nouvelles frappes américaines vendredi contre eux.
L’armée israélienne a dit avoir frappé vendredi des sites du Hezbollah dans le sud du Liban alors que le Hezbollah a revendiqué trois attaques en territoire israélien en promettant une «vraie claque» à Israël si ce pays décidait «d’étendre son agression».