"Solar Impulse 2 est en sûreté sous son hangar mobile. Nous pouvons désormais effectuer des tâches de maintenance et attendre une nouvelle fenêtre de beau temps pour voler", ont-ils écrit sur Twitter. Il a, selon eux, fallu une bonne dizaine d'heures de travail nocturne pour mettre en place ce hangar qui n'est arrivé que mardi soir (heure locale), en même temps que l'équipe logistique, bloquée plusieurs heures à Shanghai en raison d'intempéries.
Solar Impulse 2 est un avion fragile qui ne supporte pas les turbulences en l'air et n'est pas conçu pour rester à la merci du vent, de la chaleur ou de la pluie, même au sol. Il a plu dans la nuit de mardi à mercredi à Nagoya. C'est la première fois dans son périple planétaire qu'il s'est trouvé brièvement sous une averse. L'avion est étanche "mais il est davantage en sûreté à l'abri", a reconnu l'équipe.
Cet appareil aux ailes couvertes de cellules photovoltaïques avait dû interrompre sa traversée du Pacifique entre Nankin (est de la Chine) et Hawaï pour faire une escale imprévue à Nagoya lundi à cause d'une détérioration des conditions météo. Après son arrivée dans cette région centrale du Japon, "nous avons dû improviser et notre équipe a vécu des moments difficiles", a confié mardi à l'AFP le pilote suisse Bertrand Piccard. "Une dizaine de personnes ont été obligées de tenir l'appareil de leurs propres mains pour l'empêcher de s'envoler tout seul", a-t-il expliqué.
La vitesse de décollage de cet avion, "très léger et doté d'une immense surface, est de 45 km/h, donc au moindre coup de vent, il peut être emporté", selon lui. Trop large (72 mètres) pour entrer dans les hangars traditionnels, il ne pouvait être protégé que par sa tente gonflable que le pilote André Borschberg - aux commandes en alternance avec Bertrand Piccard - attendait impatiemment à Nagoya.
Sis jours et six nuits de vol
Solar Impulse 2 avait pris les airs dimanche à 02H39 en Chine (18H39 GMT samedi) pour la plus périlleuse des étapes de son périple, pendant laquelle André Borschberg devait tenir six jours et six nuits. Ce départ de Nankin, où l'avion était cloué au sol depuis le 21 avril, avait été reporté à plusieurs reprises déjà en raison d'une météo défavorable.
"Nous allons attendre une amélioration des conditions pour repartir", a souligné Bertrand Piccard, le second pilote en alternance insistant sur la prudence. "Le tour du monde n'avance peut-être pas aussi vite qu'on aimerait, mais on ne fait pas une course de vitesse. Le but, c'est d'y arriver", a souligné le pilote.
Jamais Solar Impulse 2 n'avait en effet volé au-dessus d'un océan, ni n'était resté en l'air plus de 24 heures: c'est dire si cette traversée du Pacifique sur 8.500 kilomètres reste un défi technologique et un exploit aéronautique historiques. Le vol jusqu'à Hawaï devait durer environ 130 heures, constituant un record pour un pilote seul aux commandes de son appareil.
“Dans le pire des cas, nous avons un parachute”En cas de panne grave en vol, le Suisse avait prévu de sauter en parachute dans l'océan, à des centaines de kilomètres de tout secours. Aucun navire ne peut, en effet, suivre à la trace l'appareil qui vole à une vitesse maximum de 90 km/h à basse altitude et de 140 km/h dans les couches supérieures. "Je ne vois pas cela comme risqué, parce que nous avons travaillé longtemps sur les différents problèmes", a-t-il confié. "Si nous perdons un moteur, nous pouvons voler avec les trois autres, par exemple." "Dans le pire des cas, nous avons un parachute, un radeau de survie et nous savons nous en servir. Evidemment, nous espérons ne pas avoir à le faire", a ajouté le pilote.
Solar Impulse 2, dont les ailes sont tapissées de plus de 17.000 cellules photovoltaïques, est parti le 9 mars d'Abou Dhabi pour un tour du monde de 35.000 kilomètres destiné à promouvoir l'usage des énergies renouvelables et, en particulier, de l'énergie solaire.
Il a ensuite fait escale au sultanat d'Oman, en Inde, en Birmanie, puis en Chine, piloté alternativement par André Borschberg et son binôme Bertrand Piccard.