La décision du Royaume-Uni d'imposer depuis dimanche dernier, 26 juillet 2020, une quarantaine à tous les voyageurs en provenance d'Espagne a fait l'effet d'un coup de tonnerre, les Britanniques constituant le premier contingent de visiteurs étrangers en Espagne, avec 18 millions en 2019.
"C'est un coup très dur" alors que le secteur touristique "avait un espoir de pouvoir sauver les meubles en août", résumait lundi matin le président de la région de Valence (sud-est), Ximo Puig.
Certaines stations balnéaires de cette zone, comme Benidorm, comptent jusqu'à 40% de clients britanniques.
La nouvelle est tombée alors que "nous avions de bonnes impressions pour les semaines à venir, avec des réservations en hausse, même si elles restaient loin des niveaux normaux à cette époque de l'année", regrette dans un communiqué la fédération hôtelière de Valence Hosbec.
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"Il y a déjà des annulations et il va y en avoir plus. Personne ne veut partir une semaine en vacances pour se retrouver enfermé deux semaines chez lui au retour", a déclaré à l'AFP Emilio Gallego, secrétaire général de la fédération Hosteleria de España.
Exceltur, une autre organisation patronale, estime que la quarantaine britannique pourrait coûter 8,7 milliards d'euros en août et septembre au secteur, dont le chiffre d'affaires devrait déjà être divisé par deux en 2020.
Conscient de l'impact pour le secteur, qui pèse 12% du PIB et 13% de ses emplois, le gouvernement espagnol fait tout pour obtenir que Londres exempte de quarantaine les voyageurs rentrant des Canaries et des Baléares, où le nombre de cas est si faible que le voyagiste TUI a décidé d'y maintenir les séjours de clients britanniques.
"Nous n'avons pas en Espagne de transmission incontrôlée du virus (...) il y a des zones où le virus circule très peu", comme les Baléares ou les Canaries, a indiqué devant la presse l'épidémiologiste en chef du ministère de la Santé, Fernando Simon.
Avant de juger que sur le plan sanitaire, a contrario, la quarantaine britannique "nous favorise en quelque sorte car cela décourage des gens de venir du Royaume-Uni", où le virus circule encore également.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a vivement critiqué la décision du Royaume-Uni d'imposer une quarantaine à tous les voyageurs en provenance d'Espagne, la jugeant "inadaptée".
L'Espagne avait tout mis en oeuvre pour regagner la confiance des touristes et s'afficher comme une destination sûre face au Covid-19.
Dès le mois d'avril, au plus fort du confinement, les stations balnéaires s'étaient mises à plancher sur une armada de mesures, avec un investissement financier important: distances de sécurité sur les plages, parfois surveillées par des drones, bars réorganisés, paillassons imprégnés de javel et tests rapides à l'entrée de certains hôtels...
Mais alors que l'épidémie semblait avoir été contrôlée grâce à un confinement extrêmement strict, le pays a vu croître dernièrement avec appréhension le nombre de cas de Covid-19, qui a triplé depuis deux semaines.
Ces 14 derniers jours, l'Espagne a compté 40 nouveaux cas pour 100.000 habitants contre 15 au Royaume-Uni ou en France et 8 en Allemagne, d'après un calcul effectué par l'AFP sur la base de données officielles.
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En termes de morts en revanche, avec 26 décès notifiés en 14 jours, elle est bien loin derrière le Royaume-Uni (816).
Et la situation est très disparate selon les régions. L'Aragon et la Catalogne (nord-est) sont celles qui comptent le plus de nouveaux cas, apparus notamment dans des zones agricoles, alors qu'en Andalousie ou à Valence, les nouveaux foyers sont bien moins nombreux.
Alors que la France déconseille à ses ressortissants de se rendre en Catalogne, où les cas ont explosé dans l'agglomération barcelonaise notamment, le président de la région Quim Torra a assuré lundi que "les destinations touristiques majeures comme la Costa Brava, Costa Dorada ne sont pas touchées et l'on peut y voyager en sécurité".