"L'instruction ne peut être considérée comme achevée (...), le non-lieu dans cette affaire a donc été précipité", a indiqué le tribunal dans un document en date du 22 octobre auquel l'AFP a eu accès ce vendredi.
"Nous observons a priori (...) des indices rationnels d'homicide involontaire", poursuit le tribunal, qui a été saisi par la famille du jeune homme ainsi que par le Parquet.
En janvier, une juge d'instruction avait conclu que le décès, le 1er juillet 2019, d'Ilias Tahiri, 18 ans, dans le centre de Tierras de Oria en Andalousie (sud) était "accidentel".
Mais la publication début juin par le quotidien El Pais d'images de vidéosurveillance, en pleine contestation mondiale contre les violences policières après la mort de George Floyd aux Etats-Unis, avait entraîné des appels à rouvrir le dossier et à interdire la méthode utilisée pour l'attacher.
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Ces images ne montraient aucune résistance violente du garçon pouvant justifier une "contention mécanique" utilisée à son encontre.
On pouvait y voir des employés du centre placer rudement le jeune homme sur un lit, à plat ventre avant de l'immobiliser à six et un garde s'agenouiller sur le bas du dos du garçon pour serrer une sangle autour de sa taille avant de se rendre compte qu'il ne respirait plus.
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Le document du tribunal rappelle que le Conseil de l'Europe avait demandé en 2016 l'interdiction de cette méthode qualifiée de "préoccupante" après avoir visité le centre de mineurs de Tierras de Oria.
Soutien de la famille d'Ilias Tahiri, Francisco Fernández Caparrós de l'Association de défense des droits de l'homme d'Andalousie (APDHA) s'est "félicité de cette nouvelle".
La réouverture de ce dossier "souligne ce que nous dénonçons depuis longtemps, l'usage de la contention mécanique dans les centres de mineurs", a-t-il déclaré à l'AFP, en rappelant que deux autres mineurs étaient morts après l'utilisation de cette méthode en Espagne, l'un à Madrid en 2011, et l'autre à Melilla, en 2018.
Ginso, l'entreprise privée gérant le centre de mineurs de Tierras de Oria, avait affirmé dans un communiqué au mois de juin que l'utilisation de cette méthode était "exceptionnelle" et était pratiquée avec "le moins de force possible".
Cette entreprise n'a pu être jointe ce vendredi, pour commenter la réouverture de ce dossier par la justice.