Sans majorité absolue après sa victoire aux législatives du 28 avril, l'économiste de 47 ans, a cherché à résoudre durant des mois la quadrature du cercle pour éviter un quatrième scrutin en quatre ans.
La chambre lui a refusé la confiance en juillet, après l'échec de ses négociations avec la gauche radicale de Podemos pour former un gouvernement de coalition. La mésentente qui s'aggravait avec Podemos, et le refus catégorique de la droite de le laisser gouverner en minorité, l'ont conduit à jeter l'éponge.
Il ne tentera pas un nouveau vote d'investiture et les Espagnols devront retourner aux urnes le 10 novembre. Les sondages le donnent gagnant mais toujours sans majorité absolue.
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Un pari de plus pour un homme politique qui revient de loin.
Il était donné pour politiquement mort après avoir essuyé en 2015 et 2016 deux des pires résultats électoraux de l'histoire de son parti.
Le 1er juin 2018, il tente un coup de poker et parvient à renverser à la surprise générale le conservateur Mariano Rajoy, coulé par un scandale de corruption.
"Aujourd'hui, nous écrivons une nouvelle page de l'histoire de la démocratie dans notre pays", déclare alors Pedro Sanchez, marié et père de deux filles, impeccablement cintré comme à son habitude dans un costume sombre.
Mais la majorité bancale l'ayant soutenu - Podemos, nationalistes basques et indépendantistes catalans - finit par exploser en février.
Ce n'était qu'un soubresaut de plus dans une carrière politique tourmentée.
Quasi-inconnu, Pedro Sanchez est propulsé en 2014 à la tête du Parti socialiste (PSOE), à la faveur des premières primaires de l'histoire du parti.
Dans le contexte de paralysie politique qui suit les élections de décembre 2015 remportées par Mariano Rajoy, il tente sans succès de former un gouvernement avec l'appui des libéraux de Ciudadanos et de Podemos.
Après avoir essuyé un échec électoral pire encore que le précédent en juin 2016, il est défenestré par la direction du parti.
Mais il revient par la grande porte en mai 2017, après avoir fait campagne en voiture particulière dans toute l'Espagne, pour rallier les militants qui voteront pour le rétablir à la tête du parti.
Un parcours où l'obstination triomphe raconté dans un livre intitulé "Manuel de résistance", le premier à avoir été publié par un chef de gouvernement espagnol en exercice.
Une fois à la Moncloa, Pedro Sanchez a frappé les esprits en nommant le gouvernement le plus féminin de l'histoire espagnole et en acceptant d'accueillir les migrants recueillis par le bateau humanitaire Aquarius, dont personne ne voulait. Il a aussi augmenté le salaire minimum de 22% après des années d'austérité.
Il a revanche échoué jusqu'ici à exhumer le dictateur Franco de son mausolée pharaonique, une de ses priorités, et s'est pris les pieds dans la crise catalane.
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Déterminé à reprendre le dialogue avec les indépendantistes, il a été constamment accusé par la droite d'être leur "otage" et a fini par perdre leur soutien quand ils ont refusé de voter le budget en plein procès de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.
Né le 29 février 1972 à Madrid dans une famille aisée, d'un père entrepreneur et d'une mère fonctionnaire, Pablo Sanchez a pris très tôt sa carte au PSOE et a été conseiller municipal de Madrid de 2004 à 2009 avant de devenir député.
Joueur de basket dans sa jeunesse -il mesure 1 mètre 90-, le socialiste a étudié l'économie dans la capitale espagnole et à Bruxelles. Des études conclues par un doctorat controversé dans une université privée madrilène, sa thèse étant accusée de plagiat, ce qu'il nie fermement.