"Aucun gouverneur de Virginie n'a jamais gagné en étant du même parti que le président en place", a-t-il souligné devant la presse, refusant d'endosser la responsabilité de cet échec considéré comme un moment charnière de sa présidence.
"Je sais que les gens veulent que les choses soient faites et c'est pourquoi je continue à pousser très fortement pour que le parti démocrate avance et vote" ses plans, l'un de modernisation des infrastructures et l'autre de dépenses sociales et climatiques, qui font l'objet d'intenses négociations dans son parti, a expliqué Joe Biden, revenu dans la nuit de sa tournée européenne pour le G20 et la COP26.
Un an avant les élections cruciales de mi-mandat qui pourraient totalement rebattre les cartes du pouvoir, la défaite mardi en Virginie sonne comme un échec cinglant pour Joe Biden, qui avait fait campagne au côté du candidat démocrate Terry McAuliffe.
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"Une rude soirée pour les démocrates", a résumé à l'AFP J. Miles Coleman, du Center for politics à l'université de Virginie.
"Même si cette élection n'était à l'échelle que d'un Etat, si Joe Biden est en difficulté avec les électeurs de Virginie -un Etat qu'il a gagné de 10 points l'an dernier- il est alors probablement aussi en difficulté dans des Etats comme la Géorgie, le Nevada et l'Arizona, qui sont bien plus disputés et où des élections sénatoriales auront lieu l'an prochain", a-t-il souligné.
Les républicains pourraient voir en la victoire de Glenn Youngkin une possible feuille de route stratégique pour 2022, et peut-être même la présidentielle de 2024: ce néophyte en politique a réussi à conserver la base électorale trumpiste tout en prenant suffisamment de distances avec l'ex-président pour reconquérir des voix dans les banlieues aisées.
Maigre consolation pour Joe Biden, le gouverneur démocrate sortant du New Jersey s'est imposé d'un cheveu face à son rival républicain. Phil Murphy était pourtant donné largement vainqueur dans les sondages précédant l'élection.
Le président américain, dont la cote de popularité a atteint un plus bas historique à ce niveau de mandat dans l'histoire politique récente, exception faite de Donald Trump, doit désormais se replonger à Washington dans les affres du Congrès, puisque ses deux gigantesques plans d'investissements font l'objet d'interminables tractations dans son propre camp entre progressistes et modérés.
Un accord sur son programme "Build Back Better" ("reconstruire en mieux") de réformes sociales et climatiques représenterait une victoire personnelle majeure.
Las, la facture globale de ce plan, déjà réduite de moitié à 1.750 milliards de dollars, est contestée principalement par le sénateur modéré Joe Manchin, élu de l'Etat traditionnellement conservateur de Virginie-Occidentale, et qui possède virtuellement un droit de veto au Congrès au vu de la très fine majorité démocrate.
"Je ne peux pas rentrer chez moi et justifier (ces programmes de dépenses), je ne peux pas voter pour", avait-il affirmé lundi, évoquant l'impact de ces plans sur la dette publique et l'inflation.
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"Les querelles politiques doivent cesser", avait-t-il ajouté, en référence au blocus imposé par les démocrates progressistes sur le volet infrastructures.
Ce programme de 1.200 milliards de dollars doit rénover les routes, ponts et transports vétustes du pays, et est soutenu par les démocrates et certains républicains.
Approuvé par le Sénat en août, le projet est depuis bloqué à la Chambre des représentants par les élus de l'aile gauche qui réclament de voter en même temps le projet "Build Back Better". Ils craignent que les centristes ne refusent de soutenir ce projet très coûteux après avoir obtenu le chèque pour les infrastructures.