L’ex-président américain (1977-1981) et prix Nobel de la paix Jimmy Carter est mort le dimanche 29 décembre à l’âge de 100 ans dans sa ville natale de Géorgie, dans le sud-est des États-Unis, provoquant une pluie d’hommages de ses successeurs à la Maison Blanche et dans le monde.
«Jimmy Carter, 39ème président des États-Unis et lauréat du prix Nobel de la paix en 2002, est décédé paisiblement dimanche 29 décembre à son domicile de Plains, en Géorgie, entouré de sa famille», a annoncé sa fondation Carter Center dans un communiqué.
«Mon père était un héros, pas uniquement pour moi, mais pour tous ceux qui croient en la paix, aux droits de l’Homme et à l’amour désintéressé», a déclaré Chip Carter, le fils de l’ancien dirigeant démocrate cité par la fondation.
Tous les présidents américains encore en vie et qui lui ont succédé se sont empressés de s’incliner devant l’architecte des accords de Camp David, qui ont abouti au premier traité de paix entre Israël et un pays arabe, l’Égypte.
Le démocrate président sortant Joe Biden a décrété une journée de deuil national le 9 janvier et a annoncé la tenue de funérailles nationales dans la capitale Washington, sans en préciser la date. Le milliardaire républicain Donald Trump, qui fera son retour à la Maison Blanche le 20 janvier, a fait part de son «plus grand respect» pour Jimmy Carter qui «a travaillé dur pour que l’Amérique soit meilleure».
Il fut «un homme remarquable», selon le démocrate Barack Obama, et «a œuvré sans relâche pour un monde meilleur et plus juste» a renchéri le démocrate Bill Clinton. Ce qu’il a accompli «inspirera des générations d’Américains», a salué le républicain George W. Bush.
Jimmy Carter avait annoncé en 2015 qu’il souffrait d’un cancer du cerveau et bénéficiait de soins à domicile depuis près deux ans. Après une série d’hospitalisations, il avait en février 2023 «choisi de passer le temps qu’il lui restait» chez lui, entouré de ses proches. Il y recevait des soins palliatifs.
Son épouse et fidèle compagne de route, Rosalynn, est décédée à ses côtés le 19 novembre 2023 à l’âge de 96 ans. Le visage émacié, Jimmy Carter avait assisté à ses funérailles, pour l’une de ses rares apparitions publiques ces dernières années.
Camp David et la crise des otages
Jimmy Carter avait été élu à la Maison Blanche en 1976, dans une Amérique encore marquée par le scandale du Watergate, qui avait poussé le président Richard Nixon à la démission. Il ne fut le président que d’un seul mandat.
Artisan des accords de Camp David qui ont abouti, en mars 1979, à la signature du traité de paix israélo-égyptien, le 39ème président des États-Unis avait été vivement critiqué dans son pays lors de la prise d’otage d’Américains en Iran. L’annonce, le 24 avril 1980, de l’échec de la mission militaire pour assurer leur libération avait anéanti ses espoirs de réélection.
En 1982, après avoir quitté la Maison Blanche, Jimmy Carter a fondé le Carter Center pour promouvoir le développement, la santé et la résolution des conflits à travers le monde. Voyageur infatigable, on le retrouve partout: au Mexique, au Pérou, au Nicaragua, ou encore au Timor oriental, où il effectue des missions de médiation ou d’observation électorale. En 2002, il est récompensé du prix Nobel de la paix, pour «ses décennies d’efforts infatigables afin de trouver des solutions pacifiques à des conflits internationaux».
Sur les chantiers à 90 ans
Très impliqué dans l’ONG Habitat for Humanity, il travaillait encore sur des chantiers caritatifs à 90 ans passés, toujours aux côtés de sa femme Rosalynn, rencontrée en 1945. Mais en 2019, ce chrétien très religieux avait enduré une série de problèmes de santé qui l’avaient obligé à être hospitalisé à plusieurs reprises. La même année, il était malgré tout devenu le premier ancien président américain à atteindre l’âge de 95 ans.
Il avait commencé à s’effacer de la vie publique, absent par exemple de la cérémonie d’investiture de Joe Biden en janvier 2021, à laquelle participent traditionnellement les anciens présidents. Quelques mois plus tard, Jimmy Carter avait toutefois reçu le dirigeant démocrate dans sa petite ville natale de Plains, en Géorgie, où il résidait depuis son départ de Washington.