États-Unis: destitution du chef républicain de la Chambre des représentants, une première dans l’histoire américaine

Kevin McCarthy, président républicain de la Chambre des représentants, destitué après un vote de défiance provoqué par son propre camp.. 2023 Getty Images

C’est une première dans l’histoire du Congrès américain: le chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a été évincé mardi de son poste, victime de querelles fratricides au sein de son parti.

Le 04/10/2023 à 07h00

C’est une première dans l’histoire du Congrès américain: le chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a été évincé mardi de son poste, victime de querelles fratricides au sein de son parti. Après un débat tendu entre conservateurs dans l’hémicycle, 216 élus ont voté pour le destituer, dont huit républicains, contre 210.

Le vote ouvre une période de fortes turbulences à la chambre basse, où un remplaçant doit être choisi la semaine prochaine. Kevin McCarthy a d’ores et déjà annoncé mardi soir qu’il ne se représenterait pas, même si les règles parlementaires l’y autorisent. «J’ai été le 55e chef de la Chambre, l’un des plus grands honneurs. J’en ai aimé chaque instant», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

Il avait déjà été élu au forceps en janvier, en raison de la très mince majorité républicaine. Pour accéder au perchoir, il avait notamment dû faire d’énormes concessions avec une vingtaine de trumpistes, dont la possibilité que n’importe quel élu ait le pouvoir de convoquer un vote pour le destituer -ce qu’a finalement fait Matt Gaetz.

«Promesses contradictoires»

«C’est dans l’intérêt de ce pays que nous ayons un meilleur “speaker” que Kevin McCarthy», a lancé après le scrutin cet élu de la droite dure américaine qui a déposé lundi la motion pour destituer le chef de son parti. «Personne ne (lui) faisait confiance», a ajouté M. Gaetz. «Kevin McCarthy avait fait de nombreuses promesses contradictoires».

L’élu de Floride reproche principalement au ténor républicain d’avoir négocié avec les élus démocrates un budget provisoire pour financer l’administration fédérale, auquel s’opposaient de nombreux conservateurs. Il l’accuse aussi d’avoir conclu un «accord secret» avec le président Joe Biden sur une possible enveloppe pour l’Ukraine.

Or l’aile droite du Parti républicain s’oppose vivement au déblocage de fonds supplémentaires pour Kiev, estimant que cet argent devrait plutôt servir à lutter contre la crise migratoire à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

Et qu’importe que l’immense majorité du groupe parlementaire de Kevin McCarthy l’ait publiquement soutenu: les trumpistes disposaient d’un veto de fait à la Chambre compte tenu de la très fine majorité républicaine dans cette institution.

Pas de soutien démocrate

«Je ne regrette pas d’avoir négocié. Notre gouvernement est fait pour trouver des compromis», a répondu Kevin McCarthy. Le républicain de 58 ans a semblé penser un temps qu’il parviendrait à sauver sa tête, espérant un appui, même très juste, des démocrates, en échange de concessions. Peine perdue.

«C’est au Parti républicain de mettre fin à la guerre civile des républicains à la Chambre», avait tranché le chef démocrate Hakeem Jeffries dans une lettre après une longue réunion mardi avec son groupe parlementaire.«Les raisons de laisser les républicains gérer leurs propres problèmes sont innombrables. Laissons-les se vautrer dans la fange de leur incompétence et de leur incapacité à gouverner», avait de son côté lancé, implacable, l’élue progressiste Pramila Jayapal.

Un tel vote n’avait pas eu lieu depuis plus d’un siècle aux États-Unis, et jamais aucun «speaker» n’avait été évincé de son poste jusqu’à mardi. Le président Joe Biden a appelé dans la soirée les élus de la Chambre a élire rapidement un nouveau chef, face aux «défis urgents» auxquels fait face le pays. Mais la tâche s’annonce compliquée pour les républicains, qui se réuniront dans une semaine pour se mettre d’accord sur un nouveau candidat. Un vote devrait avoir lieu le lendemain.

Par Le360 (avec AFP)
Le 04/10/2023 à 07h00