Parmi les participants du CPAC, la grand-messe des conservateurs américains qui s'ouvre vendredi, et à travers les Etats-Unis, une même question résonne: le milliardaire annoncera-t-il qu'il se présente à nouveau en 2024?
Sans doute pas directement, ont indiqué les organisateurs, mais le tribun devrait bien flirter ouvertement avec cette idée, dimanche après-midi à Orlando, en Floride.
Pour son premier discours depuis le 20 janvier, l'ex-président parlera de "l'avenir du parti républicain et du mouvement conservateur", a indiqué à l'AFP son entourage.
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L'ancien président devrait aussi parler d'immigration et "des politiques désastreuses" de son successeur démocrate Joe Biden sur ce dossier, selon la même source.
Après quatre ans de mandat Trump, les républicains ont perdu le contrôle du Congrès et de la Maison Blanche. Et c'est un ex-président marqué de la tache infamante d'une mise en accusation ("impeachment") pour incitation à l'insurrection dans l'attaque du Capitole qui prendra la scène.
Pourtant, sa popularité reste immense dans son camp.
Malgré les critiques cinglantes de certains grands noms du parti, trois quarts des électeurs républicains disaient, à la mi-février, vouloir que le tempétueux républicain continue à jouer "un rôle de premier plan", selon un sondage Quinnipiac.
"Le président Trump est le leader du parti républicain": a résumé cette semaine l'un de ses grands alliés au Congrès, l'élu de la Chambre des républicains Jim Jordan.
"Si nous parvenons à nous rassembler derrière le président Trump, nous gagnerons en 2022", lors des prochaines élections parlementaires, a renchéri un autre grand fidèle, le sénateur Lindsey Graham sur Fox News. "Si nous nous disputons, nous perdrons".
Les divisions sont pourtant déjà là, et s'exposent parfois spectaculairement comme entre les chefs républicains de la Chambre, cette semaine.
Donald Trump doit-il parler à CPAC? "Oui", a répondu mercredi aux journalistes le dirigeant de la minorité républicaine Kevin McCarthy, sans hésiter.
Derrière lui, Liz Cheney, porte-voix des républicains anti-Trump depuis son vote en faveur de la mise en accusation du milliardaire, a lâché: "je ne pense pas qu'il devrait jouer un rôle dans l'avenir de notre parti, ou du pays".
Après un silence pesant, Kevin McCarthy a mis fin à la conférence dans les rires gênés. Et chacun est parti de son côté.
"Profondément divisé"Dix républicains, sur 211 siégeant à la Chambre, ont voté avec les démocrates l"impeachment" de Donald Trump, accusé d'avoir encouragé ses partisans à prendre d'assaut le Capitole le 6 janvier.
L'ex-président a finalement été acquitté lors de son procès au Sénat, mi-févier. Fait historique, sept républicains ont néanmoins voté en faveur de sa condamnation.
Mais même parmi ses plus grands critiques, on reste conscient de sa force électorale.
A l'image de Mitt Romney. Si l'ex-président se représente en 2024, "je suis assez convaincu qu'il remportera la nomination du parti", a confié mardi le sénateur républicain, au New York Times DealBook DC Policy Project.
Bête noire de Donald Trump, ce dernier n'a pas été invité au CPAC. Le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, qui a déclaré le milliardaire "responsable" de l'attaque du siège du Congrès, non plus. Quant à son ancien vice-président Mike Pence, il a décliné l'invitation.
"Il y a une déconnexion entre le parti républicain à Washington et la base, toujours fidèle à Trump", explique à l'AFP John Feehery, ancien communicant pour de hauts responsables républicains du Congrès, aujourd'hui lobbyiste.
D'autres républicains pourraient bien entendu se présenter en 2024, comme les sénateurs Josh Hawley, Tom Cotton, la gouverneure du Dakota du Sud Kristi Noem ou l'ex-ambassadrice à l'ONU Nikki Haley.
"Mais Trump dispose du plus puissant porte-voix et de la plus vaste base de soutien" aujourd'hui, souligne-t-il.
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Le "Grand Old Party" est "profondément divisé", renchérit Whit Ayres, consultant républicain et président de la firme North Star Opinion Research.
Mais à moins qu'il ne quitte la politique, Donald Trump dominera encore le parti en 2024, prédit John Pitney Jr, professeur de politique américaine à l'université Claremont McKenna College.
"Les soutiens du président Trump sont largement plus nombreux que ses critiques au sein du parti", martèle-t-il.
"Les républicains savent que rompre avec Trump a un coût politique et la plupart ne sont pas prêts à payer ce tribut".