Fonctionnaires et militaires non payés, certains au chômage technique
Qu’ils soient tenus de continuer à travailler ou mis au chômage technique, près de 1,8 million de fonctionnaires devront attendre que le Congrès trouve un accord, signant la fin du «shutdown», pour recevoir leur salaire, alerte le syndicat des employés du gouvernement fédéral (AFGE).
Lors des paralysies de 2013 et début 2018, «environ 850.000 des 2,1 millions d’employés fédéraux (hors service postal) ont été mis au chômage technique», détaille de son côté le Comité pour un budget fédéral responsable (CFRB), une organisation bi-partisane.
Côté défense, 1,3 million de soldats en service travailleront sans être payés, selon la Maison-Blanche. «Nos troupes (...) défendront toujours le pays et assureront nos intérêts de sécurité nationale dans le monde entier, mais elles ne seront pas payées pour cela. Et cela signifie qu’eux et leurs familles souffriront», a ainsi déclaré John Kirby, coordinateur du Conseil de sécurité nationale, dans une vidéo publiée par la Maison-Blanche.
Transport aérien perturbé, parcs nationaux au ralenti
Contrôleurs aérien et fonctionnaires de l’agence de sécurité dans les transports (TSA) travailleront sans être payés, ce qui risque d’occasionner des retards.
Lors de la dernière paralysie, qui avait duré 35 jours en décembre 2018 et janvier 2019, les files d’attente aux contrôles de sécurité étaient plus longues en raison de l’absence de certains agents, occasionnant la fermeture d’une partie des guichets de sécurité, souligne le CFRB.
Les vols avaient même été temporairement interrompus à l’aéroport de LaGuardia, à New York, en raison de «l’absence de dix contrôleurs aériens», entraînant des retards à la chaîne.
Lire aussi : Shutdown: les Etats-Unis au bord de la paralysie budgétaire
«La grande majorité de nos membres sont tenus de travailler sans salaire pendant toute la durée d’un shutdown», souligne Rich Santa, président du syndicat des contrôleurs aériens (NATCA).
Les parcs nationaux pourraient eux aussi être touchés, les «rangers» qui s’en occupent étant des fonctionnaires fédéraux. En 2013, plus de 400 parcs avaient été fermés dans le pays, et la perte de recettes évaluée à 500 millions de dollars. En 2018-2019, toutefois, la majorité des parcs étaient restés ouverts, sans toutefois offrir de services aux visiteurs, mais des dommages avaient été signalés et les poubelles y débordaient.
Alerte sur l’aide alimentaire
Un «shutdown» mettrait «en danger l’aide nutritionnelle vitale pour près de 7 millions de femmes et d’enfants» qui dépendent du «WIC», un programme «qui concerne près de la moitié des bébés nés dans ce pays», a alerté la Maison-Blanche, lundi dans un communiqué.
Un autre programme d’aide alimentaire pour les ménages à bas revenus, le «SNAP», pourrait également être perturbé, si le «shutdown» durait plus d’un mois, ajoute le CFRB, qui précise par ailleurs que les magasins ne pourront pas mettre à jour leurs données: impossible donc d’accepter les paiements de nouveaux bénéficiaires.
Les «services essentiels» épargnés
Les services essentiels «continuent de fonctionner», selon le CFRB, citant notamment protection des frontières, soins médicaux hospitaliers, contrôle du trafic aérien, application des lois, ou maintenance du réseau électrique.
Lire aussi : Le "shutdown" le plus long de l'histoire des Etats-Unis
«Une partie du personnel législatif et judiciaire a également été largement protégée» lors des précédents «shutdowns», et les dépenses liées aux retraites ainsi qu’à la santé des personnes à bas revenus et âgées (programmes Medicare et Medicaid) avaient également été maintenues, mais les demandes d’inscriptions repoussées.
Croissance économique plombée, Fed à l’aveugle
Chaque semaine de «shutdown» pourrait coûter 0,2 point de croissance au PIB des États-Unis au 4e trimestre, selon une note des économistes de Goldman Sachs, publiée mercredi. Par ricochet, il faudra compter un impact identique au 1er trimestre 2024, soulignent-ils.
Autre conséquence de l’absence des fonctionnaires: les données économiques ne seront pas publiées. Chiffres du PIB, de l’inflation, du chômage, entre autres, resteront inconnus, jusqu’à la fin du «shutdown».
Ce qui pourrait notamment compliquer le travail de la banque centrale américaine, la Fed, qui veut faire ralentir l’inflation, mais a besoin de ces éléments pour établir sa politique monétaire — notamment savoir si elle continue à relever ses taux.