Dans le sud de la France, où les températures pourraient dépasser 45°C, des silhouettes de personnes âgées rasaient les murs, avant même 8h, en direction d'une des supérettes de Montpellier. "J'y vais à l'ouverture, le soleil brûle déjà et on sent la pollution", explique Suzette Allègre, 81 ans, marchant avec peine, son filet de courses à la main, un chapeau sur la tête et des lunettes de soleil sur le visage.
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"Ensuite, je vais rentrer et me barricader chez moi, fenêtres et volets fermés avec le ventilateur", dit cette "fille du Sud" qui a "toujours bien supporté la chaleur" mais redoute "cette canicule de fin du monde". Dans la supérette, les rayons eau et brumisateurs ont été dévalisés, au grand désespoir de Sonia Tavernier, qui doit prendre la route des vacances dans l'après-midi avec ses deux enfants en bas âge dans une vieille voiture non climatisée.
Venu du Sahara, l'air suffocant pourrait pousser les températures au-delà des 45°C, "valeur encore jamais observée en France" (excepté dans les territoires d'outre-mer), avertit Météo France.
Craignant de voir se répéter la canicule de 2003, qui avait fait 15.000 morts, les autorités ont placé quatre départements du sud de la France pour la première fois en vigilance "rouge", la plus sévère, entraînant notamment la mobilisation des services d'urgence et des mesures de précaution renforcées pour les personnes les plus vulnérables.
En Espagne, où les températures dépassent déjà souvent les 40 degrés, un jeune de 17 ans qui moissonnait en Andalousie est mort d'un "coup de chaleur", selon les autorités. Et un homme de 93 ans s'est écroulé jeudi soir quand il marchait dans le centre-ville de Valladolid (nord). Il est décédé "à cause d'un coup de chaleur", a indiqué vendredi à l'AFP une porte-parole de la police locale.
34 des 50 provinces d'Espagne sont en état d'alerte incendie, notamment la Catalogne où les pompiers combattent un feu qui a déjà parcouru 6.500 hectares et reste hors de contrôle. Les pompiers tentent de le circonscrire mais, explique David Borrell, chef des pompiers catalans, le travail est compliqué par des pics à 44 degrés "et des niveaux d'humidité très bas".
En France, un enfant de 6 ans, de nationalité syrienne, a été grièvement blessé jeudi soir après avoir été projeté en l'air par le geyser provoqué par l'ouverture d'une bouche à incendie dans une banlieue de Paris. Jeudi, les records pour un mois de juin sont tombés un à un dans une grande partie de l'Europe: 38,9°C en République tchèque, 38,6°C en Allemagne, 38,2°C en Pologne, et 43,5° dans le sud de la France.
En Italie, c'est dans le nord-ouest qu'il devrait faire le plus chaud, avec jusqu'à 40° dans le Piémont, ou 39° à Gênes et en Toscane. Un sans-abri de 72 ans a été retrouvé mort jeudi matin à Milan, victime d'un malaise dû à la chaleur.
Ce genre d'épisode est appelé à se répéter avec le réchauffement planétaire, a rappelé le président français Emmanuel Macron.
"Nous allons devoir changer notre organisation, notre façon de travailler (...), construire différemment", a-t-il prévenu depuis Tokyo, soulignant une nécessaire "adaptation de la société et de ses pratiques".
Pourtant, il est "prématuré", selon une note de l'Organisation mondiale de la santé (OMS, dépendant de l'ONU) "d'attribuer cette vague de chaleur anormalement précoce au réchauffement climatique".
Elle est cependant "conforme aux scénarios climatiques qui prévoient des épisodes de chaleur plus fréquents et plus intenses". "La Terre devrait expérimenter les cinq années les plus chaudes sur la période 2015-2019, selon des chiffres provisoires", selon l'OMS.