Dans le cadre d’un déplacement pour aborder les questions d’immigration et de sécurité, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu en Algérie les 7 et 8 novembre. Durant cette visite le ministre français de l’Intérieur s’est entretenu avec son homologue algérien, Kamel Beldjoud, et a été reçu par le Premier ministre Abdelaziz Djerad, ainsi que par le ministre des Affaires étrangères Sabri Boukadoum.
Selon l’AFP, Gérald Darmanin a remercié l’Algérie pour «la coopération continue» et a présenté aux autorités algériennes une liste de leurs ressortissants en situation irrégulière et soupçonnés de radicalisation, que la France souhaite expulser. Cette demande a visiblement été bien accueillie par le ministre algérien de l’Intérieur qui a fait état de «visions identiques dans tous les dossiers discutés».
Autrefois très peu enthousiaste à l’idée d’accueillir des citoyens algériens radicalisés expulsés de France, Alger montre cette fois-ci un empressement inhabituel. Le ministre algérien de l’Intérieur a visiblement des motifs de se réjouir de «visions identiques dans tous les dossiers discutés» avec son homologue français. Il a en effet obtenu une contrepartie à l’acceptation d’accueillir des Algériens, fichés dans le FSPRT (Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste).
Selon des sources proches de la place Beauvau, Le360 apprend que Kamel Beldjoud s’est plaint à son homologue français de la multiplication de «fake news sur la santé du président algérien Abdelmadjid Tebboune» de la part d’opposants algériens, établis en France. Il a fait valoir le caractère potentiellement nocif de ces informations qui trouvent un large écho dans les réseaux sociaux. Le ministre algérien de l’Intérieur est allé jusqu’à établir un parallèle douteux entre les conséquences d’une vidéo postée sur Facebook par un parent d’élève qui s’est plaint du comportement en classe du professeur Samuel Paty, abjectement égorgé à la sortie de son lycée, et les effets possiblement ravageurs sur la stabilité de l’Algérie de supposées fausses informations sur la santé de Tebboune, admis dans deux cliniques spécialisées en Allemagne depuis le 28 octobre, suite à sa contamination par le Covid-19.
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Kamel Beldjoud a nommément cité trois «opposants» algériens qui sont particulièrement actifs. Il s’agit de Abdou Semmar, fondateur du site d’information algeriepartplus.com, de Hichem Aboud, ancien officier de la sécurité militaire algérienne et auteur du brûlot «La Mafia des généraux» et du blogueur Amir Boukhors, alias Amir Dz.
Selon nos sources, Gérald Darmanin s’est engagé à donner suite à la requête de son homologue algérien, en vue de mettre hors d’état de nuire Abdou Semmar, Hichem Aboud et Amir Dz.
Gérald Darmanin, dont le grand-père maternel est né en Algérie, a fait le déplacement à Alger en compagnie de son épouse. La presse algérienne avait même annoncé une visite à Mostaganem, ville natale du grand-père du premier flic de France. A défaut de ce retour aux sources, Gérald Darmanin a dû se consoler avec un méchoui auquel l’a invité son homologue algérien.
Dans un entretien publié le 14 novembre par le quotidien français «Le Parisien», Gérald Darmanin a évoqué avec satisfaction sa visite à Alger. «J'ai rencontré le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et de l'Intérieur. Je les remercie pour leur coopération. L'Algérie est un grand pays cher à mon cœur. Ils m'ont clairement affirmé que les nationaux qui relevaient de leur responsabilité seraient repris, à la condition que ce soit bien leurs nationaux, ce qu'on peut tout à fait comprendre». Avant d’affirmer: «d'ailleurs, il y a déjà eu certain nombre d'expulsions…». Les autorités algériennes attendent donc que Gérald Darmanin leur renvoie l’ascenseur.