Pour le 55ème anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie, célébré le 4 juillet, le président Bouteflika a appelé les Algériens à consentir "un effort de guerre" contre la crise qui frappe de plein fouet le pays. La génération momifiée de la guerre d’Indépendance, accusée d’avoir mené le pays à sa dérive, n’est évidemment pas concernée par cet "effort" appelé des voeux du chef de l’Etat algérien, pas plus d’ailleurs que l’Armée nationale populaire (ANP) dont le budget (vous verrez loin) augmente d’année en année. Toujours est-il que l’Algérien lambda qui paie les frais du "recul sévère" des recettes de l’Etat algérien en raison du plongeon continu des cours de pétrole (98% du volume des exportations!) mais surtout de l’absence de vision chez le pouvoir algérien pour sauver les meubles, ou ce qu’il en reste.
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"Même s’il continue à considérer que la crise économique est la conséquence de la crise mondiale et de la chute des prix des hydrocarbures, le président Abdelaziz Bouteflika admet, de nouveau, que l’Algérie est «confrontée à un recul sévère» de ses recettes et suggère, par conséquent, que des «reformes» sont nécessaires dont les contrecoups doivent «être supportés par ses citoyens»", décrypte un confrère algérien dans un article intitulé "Bouteflika prépare les Algériens à un effort de guerre face à la crise". "Dans le domaine économique, notre pays est confronté à un sévère recul de ses revenus extérieurs et à une dégradation de sa balance des paiements extérieurs, même s’il garde encore intacte sa souveraineté de décision économique et sociale, grâce aux réserves de change qu’il a accumulées mais qui s’érodent déjà", a indiqué le président algérien. Le pays dispose d'un bas de laine de moins 100 milliards de dollars actuellement. La manne financière dont elle dispose s'est tout de même contractée de 6 milliards de dollars depuis le début de l'année 2017. L’Algérie qui brandissait en 2012 comme un trophée ses réserves de change de 200 milliards de dollars voit son fonds stratégique (Fonds de régulation des recettes, FFR), réduit de moitié!
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Mais passons, car face à cette crise il semblerait que le (nouveau) gouvernement Tebboune ait concocté un "plan d’action". Or, rien. "Comme son prédécesseur (Abdelmalek Sellal, NDLR), Abdelmadjid Tebboune se montre confiant, optimiste et multiplie les promesses. Mais à aucun moment, il n’aborde la vraie question: comment financer ce programme?", se demande un confrère algérien. En effet, "Hadj Moussa ou Moussa El Hadj", rien ne changera, ironisent monsieur-et-madame tout le monde en Algérie.
Le seul recours face à cette crise, c’est justement ce citoyen que le président Bouteflika veut préparer à en payer la douloureuse facture. Sans peut-être réaliser que cette nouvelle cure d'austérité pourrait sonner le glas de la légendaire "paix sociale" que son régime a eu coutume d'"acheter" à coups de pétro et de gazo-dollars! Passons sur la flambée des prix des produits de première nécessité. L'anecdote qui circule actuellement (et amèrement) en Algérie est que la banane va bientôt être vendue dans les boutiques de joaillerie tellement son prix a flambé! Le (nouveau) gouvernement a décidé "un nouveau tour de vis pour les importations", dévoile la presse algérienne, alertant que "les importations de plusieurs produits alimentaires (seront) suspendues)!" Dans une note datée du 4 juillet et provenant de la primature, les banques commerciales sont sommés de surseoir à "toute domiciliation d’importation de produits alimentaires ou de préparations alimentaires". Sont concernés par cette mesure, les produits de préparations alimentaires (sauce, ketchup, mayonnaise), la biscuiterie, la confiserie et le chocolat, les équipements industriels tels que les transformateurs électriques, le marbre et le granit finis, les produits de plastique finis, les articles de plastique finis pour ménage, les produits de la robinetterie, les tapis...
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On pourrait allonger la liste des produits "blacklistés", mais une question surgit: pourquoi ce énième cou de rabot sur le régime de vie du simple algérien mais pas sur un secteur (inefficacement) budgétivore, en l'occurrence celui de l'armée? Malin serait qui expliquerait pourquoi l'institution militaire algérienne voit son budget augmenter d'année en année! Les chiffres livrés par le prestigieux Jane's Information group, entreprise américaine des renseignements sur la Défense, sont on ne peut plus édifiants. "Le budget de la défense algérienne devrait atteindre 10,86 millairds de dollars en 2017 et dépasser la bare des 11 milliards de dollars en 2018". Pour précision, le budget de la Défense algérienne ne dépassait pas le seuil de 10,46 milliards de dollars.
Qu'est-ce qui justifierait donc cette fièvre acheteuse? Qu'est-ce qui expliquerait le fait de priver le simple citoyen du droit à la robinetterie dès lors que le régime se permet le (luxe) de continuer de stocker du matériel militaire et des armes? Pourquoi continuer de graisser la patte à des généraux qui n'ont jamais fait une seule guerre (à part celle, lointaine, de 1963 nommée Guerre des sables où ils se sont vu d'ailleurs infliger une véritable raclée de la part des valeureuses Forces armées royales)? II est absurde de prétendre que l'acquisition prochainement de deux nouveaux sous-marins, après quatre déjà achetés auprès de la fédération de Russie, vont permettre à l'Algérie de mieux lutter contre le terrorisme! N'est-ce pas l'appât de l'argent facile (rétro-commissions) qui anime plutôt les hauts galonnés algériens convertis en hommes d'affaires jouissant de tous les passe-droits imaginables pour truster les marchés en Algérie, voire au-delà. Le journaliste Hicham Abboud a eu le courage de détabouiser leurs "affaires" sonnantes et trébuchantes (et celles de leurs enfants, dont Lotfi Nezzar, fils de l'ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar), en dénonçant dans un livre à charge intitulé "La Mafia des généraux". Voilà, vous avez bien lu: "la Mafia des généraux" dans un pays qui continue d'être dirigé de main de fer, à l'instar du Venezuela du dictateur Nicolas Maduro, par l'une des dernières dictatures militaires au monde.