Qui a dit que la Grande Mosquée de Paris était ni plus ni moins qu’un lieu de culte musulman? Il a fallu qu’un simple changement s’opère à la tête de la GMP pour que le régime algérien sorte de ses gonds et "tombe" le masque. Le départ inattendu du pourtant vieux Dalil Boubakeur, débarqué après 28 années "de règne" à la tête de cette institution, au profit de l’avocat Chems-Eddine Hafiz, n’a pas été apprécié en haut lieu de l’État algérien, d’autant plus que ce dernier craint sérieusement de perdre le contrôle sur cette institution transformée, par l’ancien recteur, en officine aux ordres des services algériens.
Ce n’est ainsi pas un hasard si l’ambassadeur d’Alger en France a entrepris de convoquer, pas plus tard qu’hier, mardi 13 janvier, le nouveau recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, lequel, d'après des sources internes à la GMP citées par des médias algériens, s'est vu sévèrement remonter les bretelles pour "avoir concocté la mise à la retraite forcée de Dalil Boubakeur dans le dos des autorités algériennes", visiblement "très remontée" contre "ce coup de Jarnac"!
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Ne nous encombrons pas de détails sur la manière dont l’ancien recteur a été déboulonné, depuis quand le régime despotique algérien se soucie-t-il d'ailleurs de "l'argument électoral" et des règles démocratiques?
Mais passons, car la question est ailleurs. Tout comme la Grande Mosquée de Paris, qui, à moins que le régime vert-kaki ne se trompe de Nord, se trouve (excusez l'évidence!) en France! Au nom de quelle logique et du haut de quelle irresponsabilité ce régime s’autorise-t-il donc à interférer dans une affaire strictement franco-française?
Parlons clair, parlons vrai: plus de 1,8 millions d'Algériens vivent en France (12,8% du nombre total des étrangers vivant dans l'Hexagone, selon l'Institut des statistiques français, INSEE). Il en ressort que la Grande Mosquée de Paris, financée à hauteur de 2 millions d'euros annuellement par l'État algérien, présente un enjeu majeur aux yeux de ce dernier pour garder le contrôle sur la première communauté étrangère en France, voire au delà. Plus encore, l'enjeu est tel, que cette institution, censée être un simple lieu de culte, a toujours servi d'instrument de propagande au profit du régime algérien.
Face à cette flagrante ingérence dans les affaires intérieures de la France, surgit cette question: pourquoi les autorités françaises se laissent-elles faire et tolèrent cette interférence dans le sacro-saint "Islam de France"?
"Si le gouvernement français a jusqu'ici toléré ces pratiques douteuses, c'est pour acheter la paix diplomatique avec Alger", explique cet observateur. Une explication qui, dès qu'elle est placée du côté d'Alger, n'a toutefois pas de chance de passer. Alger, qui se veut le chantre de la "non-ingérence dans les affaires intérieures des États souverains", peut-elle se permettre d'interférer dans les affaires d'autrui?