Le marché du halal est en pleine turbulence depuis que la Grande Mosquée de Paris (GMP) a décidé de rompre avec la SFCVH, Société Française de Contrôle de la Viande Halal. L’Institut Musulman de la Grande Mosquée de Paris est le premier organisme religieux habilité à encarter les sacrificateurs qui se chargent de l’abattage rituel conformément aux dispositions du décret du 15/12/1994 du Ministère de l’agriculture. L'institution travaille en collaboration avec la société SFCVH, Société Française de Contrôle de la Viande Halal qui se charge du contrôle des aspects techniques, administratifs et commerciaux.
Aujourd’hui, les relations entre les deux organismes sont au bord de la rupture. La Mosquée de Paris exige que son logo ne soit plus utilisé ni par les industriels ni par la SFCVH, qui serait coupable d’un «manquement réel quant à l’exécution des termes» du contrat qui la lie à cette dernière. Elle disposerait à ce sujet d’«éléments probants relevés au niveau national et international […] qui pourront être mis à la connaissance du public et des autorités compétentes si la nécessité s’imposait».
L’inquiétude gagne maintenant les grands distributeurs qui ont recours aussi à SFCVH pour la certification de leurs produits halal. Sont concernés Carrefour, Bigard, Fleury Michon, Samia, Shems, Findus et à travers eux des millions de produits destinés aux consommateurs musulmans.
Le préjudice financier de cette action de la mosquée de Paris contre la SFCVH devrait se chiffrer à plusieurs dizaines de millions d’euros de pertes pour les industriels du halal. Sans parler des marques qui vont voir leur réputation, sur le marché du halal, complètement ruinée.
Peu de chiffres circulent sur ce marché, seule statistique: près d'un bovin sur cinq est abattu de manière halal en France. La “halalmania” est en tout cas en plein essor avec une offre diversifiée autour des plats cuisinés halal dans les rayons de supermarchés ou dans la restauration rapide où la chaîne Quick a ouvert des restaurants uniquement halal.
La Mosquée de Paris garde la main haute sur ce marché considérable aux enjeux économiques et financiers énormes. La remise en question du contrat qui lie à la SFCVH pourrait remettre en question le fragile consensus sur la question très sensible du halal.
Aujourd'hui, ce bras de fer soulève plusieurs questions à commencer par le prochain destinataire de ce marché. La mosquée de Paris voudrait-elle confier ce marché juteux à un autre organisme “plus proche” ? La question ne manque pas de piment et risque de faire des vagues. Surtout que ce lieu de culte musulman géré par une société des Habous de droit français, dirigé par le Franco-Algérien Dalil Boubakeur est financé par l’Algérie à hauteur de deux millions d’euros. Outre le marché du halal, la Fédération de la Grande Mosquée de Paris compte une centaine de mosquées en France où se trouvent environ deux mille lieux de culte musulman. A suivre.
