Donnée comme probable dimanche soir, la présentation du gouvernement français a finalement été repoussée, après une journée d’intenses tractations et d’échanges entre le Premier ministre François Bayrou et le président Emmanuel Macron. Une annonce est désormais envisagée ce lundi, décrété journée de deuil national pour Mayotte par le président Emmanuel Macron, après le passage du cyclone Chido qui a dévasté le département d’outre-mer.
Le centriste François Bayrou, désigné le 13 décembre, avait dit vouloir aboutir à des nominations au plus tard avant Noël. Il est «en train d’effectuer les derniers réglages», a indiqué dimanche son entourage, alors que le président est rentré dimanche matin d’une tournée qui l’a conduit à Bruxelles, à Mayotte et en Afrique de l’Est. Les deux têtes de l’exécutif se sont parlé au téléphone à plusieurs reprises dimanche avant finalement de se retrouver dans la soirée à l’Elysée pour un entretien, a indiqué l’entourage du président.
«Cela avance (...) La structuration des grands pôles ministériels est fixée», avait assuré samedi soir le président des députés du parti de François Bayrou, le MoDem, Marc Fesneau, confirmant que la liste complète du gouvernement devrait être présentée «en une seule fois» et «avant Noël».
Faible cote de popularité
Le nouveau Premier ministre doit naviguer sur une scène politique éclatée, avec une Assemblée nationale fracturée en trois blocs (alliance de gauche, macronistes et centristes, extrême droite); aucun ne disposant de la majorité absolue.
François Bayrou souhaite former une équipe resserrée et la plus ouverte possible, comprenant des personnalités de poids, de gauche comme de droite et du centre, afin de répondre aux urgences qu’affronte le pays, notamment budgétaires. Une semaine après sa nomination, le nouveau Premier ministre souffre déjà d’une cote de popularité historiquement basse, 66% des Français se disant mécontents, selon un baromètre publié dimanche.
Parmi les noms évoqués pour son gouvernement, figurent ceux de l’ex-Première ministre Élisabeth Borne ou de l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Parmi les sortants, le très droitier Bruno Retailleau (Intérieur), Catherine Vautrin (Territoires), Rachida Dati (Culture) et Sébastien Lecornu (Armées) devraient rester.
«Consterné»
À gauche, l’ancien ministre socialiste François Rebsamen, 73 ans, a annoncé être «prêt» à rejoindre le gouvernement, vantant sa «relation de confiance» de longue date avec François Bayrou. Mais rien ne filtre ou presque d’autres personnalités, notamment issues de la gauche.
Le parti socialiste a formellement refusé de participer au gouvernement, et son chef Olivier Faure est sorti déçu de Matignon jeudi, se disant «consterné de la pauvreté de ce qui (a été) proposé». Il n’a pas exclu de censurer le nouveau Premier ministre.
François Bayrou a accepté le principe d’ouvrir une réflexion pour revoir la réforme très contestée portant l’âge de la retraite à 64 ans. Mais sans suspension de cette réforme, les socialistes jugent le geste insuffisant.