A sept mois de la présidentielle, ce déplacement de François Hollande à Nice pour rendre hommage aux 86 morts de l'attentat du 14 juillet dernier, risque de raviver la polémique soulevée par cette attaque.
L'opposition de droite avait accusé le gouvernement de laxisme dans la lutte antiterroriste et l'extrême droite avait appelé à la démission du ministre de l'Intérieur.
Depuis l'attentat de la Promenade des Anglais perpétré par un individu au volant d'un camion et revendiqué par le groupe Etat Islamique (EI), François Hollande a tergiversé sur l'organisation d'un hommage national.
La cérémonie de ce vendredi 14 octobre, réclamée depuis des semaines par de nombreux Niçois, est organisée à l'initiative d'associations des victimes.
Quand il était venu à Nice quatre jours après le drame pour observer une minute de silence aux côtés de la foule, Manuel Valls, le premier ministre avait été accueilli sous les huées et aux cris d'"assassins!", "démission !"
En cause: le nombre insuffisant de policiers diponibles le 14 juillet, jour de fête nationale, alors que la France était en état d'urgence face à la menace jihadiste. Selon une enquête de la police des polices rendue publique en juillet dernier, le dispositif "n'était pas sous-dimensionné".
La colère de la populaion est perçue comme le signe des tensions croissantes dans la société, déjà traumatisée par les attentats de janvier (17 morts) et novembre 2015 (130 morts) à Paris.
Les précédents hommages aux victimes, organisés dans la foulée des attaques et solennellement présidés par François Hollande, s'étaient déroulés sans polémique, donnant le sentiment d'un pays uni dans la même douleur.
Mais l'attentat sur la Promenade des Anglais a ravivé les divisions sur la place de l'Islam en France et libéré la parole raciste envers les musulmans. L'été 2016 a ainsi été marqué par une polémique virulente sur le port du burkini, interdit par certaines mairies au nom de la laïcité avant d'être déclaré légal par la justice.
Face aux tensions, le socialiste François Hollande prône une "France de la fraternité", appelle le pays à "faire bloc" et à ne pas renier ses "valeurs" pour affronter les jihadistes de l'EI.
Pendant ce temps, à droite, la course à la primaire bat son plein avec pour thème central l'identité de la France. Mal en point dans les sondages, le chef de l'Etat français, qui a prévu d'attendre décembre pour dire s'il comptait briguer un second mandat, multiplie ces dernières semaines les commémorations liées aux attentats.
Mi-septembre, une cérémonie pour les victimes d'attaques jihadistes en France et à l'étranger a été organisée à Paris en sa présence. Il s'est aussi déplacé fin septembre pour la réouverture de l'imprimerie où s'étaient cachés les assassins des journalistes du journal satirique Charlie Hebdo, en janvier 2015.
L'enquête sur Mohamed Lahouaiej Bouhlel, tué au volant de son camion par la police à Nice, montre que l'homme avait mûri son projet pendant plusieurs mois et bénéficié de complicités.
"Je l'ai vu démarrer. J'étais en face de lui, j'ai vu le chauffeur sourire et accélérer", a raconté une témoin. Quelque 30.000 personnes étaient rassemblées pour le traditionnel feu d'artifice sur le front de mer.
Puis l'horreur: rugissement du moteur du 19 tonnes, corps aspirés sous les roues. Des victimes sont projetées comme des "pantins", des "corps désarticulés". Un homme voit son père éjecté de son fauteuil roulant, des enfants meurent écrasés sous les yeux de leurs parents.
L'action aura duré "quatre minutes et dix-sept secondes", selon les enquêteurs. Sur plusieurs centaines de mètres: 86 morts, 434 blessés.
Près de la moitié des victimes décédées étaient des étrangers de différentes nationalités, un tiers de confession musulmane.
La mairie de Nice a annoncé fin septembre qu'en signe de deuil, aucun grand événement ne se déroulera sur la Promenade des Anglais pendant un an.