"J'ai décidé, après m'être entretenu avec les présidents de l'Assemblée nationale (dirigé par la gauche) et du Sénat (sous majorité de l'opposition de droite), de clore le débat constitutionnel", a déclaré François Hollande lors d'une brève allocution solennelle.
Le chef de l'Etat, s'exprimant à l'issue du Conseil des ministres, a constaté qu'un "compromis (était) hors d'atteinte" sur la question de la déchéance de nationalité, contestée au sein même de son camp socialiste et qui avait poussé la ministre de la Justice à démissionner en janvier.
"Je constate aussi qu'une partie de l'opposition est hostile à toute révision constitutionnelle. Je déplore profondément cette attitude car nous devons tout faire (...) pour éviter les divisions et pour écarter les surenchères", a-t-il ajouté, rejetant ainsi clairement la responsabilité de cet échec sur l'opposition de droite.
Une révision de la Constitution nécessite en France un vote en Congrès (les deux Chambres réunies) sur un texte commun. Dans le processus, Assemblée et Sénat ont adopté des textes divergents.
Trois jours après les attentats du 13 novembre (130 morts, des centaines de blessés), revendiqués par le groupe Etat islamique, "j'avais proposé une révision de la Constitution pour mieux garantir l'utilisation de l'état d'urgence et pour priver de leur nationalité française les terroristes qui portent les armes contre leur propre pays", a rappelé Hollande.
"Je l'avais fait en appelant à un dépassement des frontières partisanes" et "pour rassembler les Français" dans "une période où l'épreuve était considérable", a-t-il insisté, en déplorant l'impossibilité aujourd'hui à réunir la classe politique française sur son projet de réforme constitutionnelle.
Le président français a par ailleurs réaffirmé que "la menace reste plus élevée que jamais", évoquant les attentats de ces derniers mois, à Paris, Bruxelles ou Lahore.
"Le terrorisme islamiste nous a déclaré la guerre, à la France, à l'Europe, au monde entier", a-t-il encore souligné, parlant d'une "guerre (qui) sera longue" et assurant qu'il "ne dévierait pas des engagements pris (...) pour assurer la sécurité" des Français.