Le vieux tribun, 88 ans, qui a cofondé le FN en 1972 et l'a présidé pendant quarante ans, est arrivé au tribunal de Nanterre, près de Paris, en déclarant à la presse vouloir "la victoire", celle de "la justice" dans ce nouveau round judiciaire contre sa fille.
Il souhaite que les juges annulent son exclusion du FN, lui rendent son titre de président d'honneur et lui octroient deux millions d'euros en "réparation" du "très grave préjudice" porté à sa "dignité".
Depuis qu'elle a pris les rênes du FN en 2011, sa benjamine, Marine Le Pen, tente de normaliser l'image du parti. Cette stratégie dite de "dédiabolisation" lui a permis de progresser dans les urnes et, selon les sondages, lui assure de se qualifier pour le second tour de la présidentielle de 2017.
Dans cette logique, elle a peu à peu pris ses distances avec son père, condamné à plusieurs reprises pour ses déclarations racistes ou antisémites.
La rupture a été définitivement actée en avril 2015, quand le patriarche a de nouveau qualifié les chambres à gaz de "détail" de l'histoire de la Seconde guerre mondiale, ce qui lui a valu une nouvelle condamnation.
A l'été 2015, Marine Le Pen l'a fait exclure du FN à l'issue d'un long bras de fer qui l'a déjà vu perdre trois premières manches judiciaires.
Le tribunal de Nanterre avait annulé la suspension de l'octogénaire qui a pu retrouver son statut d'adhérent du parti. Puis le vote par correspondance destiné à le priver de son titre de président d'honneur a lui aussi été suspendu, une décision confirmée en appel. Reste l'exclusion.
Dans l'attente de son hypothétique réintégration au FN, Jean-Marie Le Pen fait durer le suspense sur son éventuel soutien à sa fille et au FN pour la présidentielle et les législatives de 2017.
"Pour l'instant, non", il ne soutiendra pas sa fille à la présidentielle, avait-il lâché mercredi dernier lors d'un dîner avec ses soutiens, même s'il pourrait s'y "résigner".
La décision du tribunal doit être mise en délibéré.