Après un 1er mai confiné pour cause du coronavirus, le Conseil des ministres se penche sur le projet de loi prorogeant l'urgence sanitaire à compter du 24 mai. Son examen au Sénat est prévu dès lundi, avant qu'il ne soit transmis l'Assemblée nationale en vue d'une adoption définitive dans la semaine.
Le texte précise que la mise en quarantaine et le placement à l'isolement, afin de lutter contre la propagation du virus, pourront intervenir "lors de l'arrivée sur le territoire national". Le coronavirus a tué depuis le 1er mars 24.594 personnes en France, dont 218 au cours des dernières 24 heures. La tension dans les services de réanimation s'est encore un peu allégée avec 141 personnes en moins, a fait valoir le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon.
Mais il y a encore beaucoup de flou autour des conditions du déconfinement prévu le 11 mai: la carte provisoire classant les départements en vert, rouge ou orange selon l'état de l'épidémie et des services de réanimation a été corrigée une première fois à cause d'erreurs de comptage qui ont suscité la grogne des élus locaux.
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Autre sujet de préoccupation: la réouverture des écoles. La "majorité des écoles" maternelles et primaires seront au rendez-vous du 11 mai, a affirmé Jean-Michel Blanquer au Figaro, avec un maximum de 15 enfants par classe. Mais certains édiles ne veulent pas en entendre parler. La maire de Nantes Johanna Rolland (PS) a prévenu qu'il ne serait "pas possible" que tous les enfants retournent à l'école le 11 mai et que la rentrée ne pourra être que "progressive".
Plusieurs maires de Seine-Saint-Denis ont aussi exprimé leur intention de ne pas rouvrir leurs établissements scolaires, inquiets de leur éventuelle responsabilité pénale en cas de contamination d'enfants, d'enseignants ou de personnels. A Paris, la réouverture des écoles sera réservée, au moins dans un premier temps, "à un public prioritaire", c'est-à-dire aux enfants de certaines professions et aux élèves décrocheurs, a indiqué à l'AFP l'adjoint de la mairie en charge de l'éducation.
Pour accueillir des élèves, les écoles devront respecter un protocole sanitaire très strict, dont les grandes lignes ont été dévoilées jeudi: lavage de mains répétés, jeux proscrits, désinfection du matériel, sens de circulation marqué au sol... un casse-tête pour les petites communes.
Autre source de tension en prévision du 11 mai: la vente des masques dont le port sera obligatoire dans les transports publics.
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A dix jours du déconfinement, le gouvernement a décidé de plafonner le prix de vente des masques chirurgicaux à 95 centimes l'unité, mais pas celui des masques en tissu, en raison de la diversité des modèles et de leur provenance. L'objectif est "qu'une offre abondante de masques lavables et réutilisables à filtration garantie soit mise à disposition du public à un coût de l'ordre de 20 à 30 centimes d'euros à l'usage", a précisé le ministère de l'Economie dans un communiqué.
Dans la grande distribution, les masques à usage unique seront vendus à partir du 4 mai "à prix coûtant" et les masques en tissu "entre deux et trois euros", a assuré sur Franceinfo Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD), se défendant d'avoir constitué des "stocks cachés".
Car face au grand nombre de masques annoncés à la vente par les enseignes, les ordres des professions de santé, qui ont toujours du mal à s'en procurer ont exprimé leur "consternation", des critiques relayées par une partie de la classe politique, notamment le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, et celui du PS Olivier Faure. La sénatrice de Gironde Nathalie Delattre (Mouvement radical) a quant à elle demandé la constitution d'une commission d'enquête sur le sujet.
Sur le plan économique, la crise sanitaire continue ses ravages: la SNCF a subi un manque à gagner de deux milliards d'euros du fait du virus, a annoncé son PDG Jean-Pierre Farandou, envisageant un plan d'aide de l'Etat et des suppressions de postes.
Des difficultés économiques qui pèsent en faveur du déconfinement même si les soignants s'inquiètent de la possibilité d'une deuxième vague: "tout le monde est un peu préoccupé, l'hôpital a tenu la première fois mais si on devait avoir une deuxième vague on est morts", a prévenu sur Europe 1 Philippe-Gabriel Steg, cardiologue de l'hôpital Bichat.
Et pour la première fois en France, un chat a été testé positif au coronavirus, amenant l'École vétérinaire d'Alfort à recommander aux personnes malades une distanciation avec leurs animaux de compagnie.