"Vaincre pacifiquement ou tomber dignement", proclame ainsi une pancarte aux couleurs de l'Algérie, brandie par quelques uns des nombreux manifestants juchés sur le "Monument à la République" au milieu de la vaste place de la République, haut lieu des manifestations dans la capitale française, où ils étaient 9.000 selon la préfecture de police.
Beaucoup sont venus en famille, drapés dans des drapeaux algériens ou le front ceint de turbans aux couleurs du pays. Deux enfants arborent l'emblème peint sur leurs joues. Le drapeau berbère est parfois fièrement hissé et, sur le monument, c'est celui de l'Entente sportive de Sétif qui est brandi.
"On veut que tout le monde parte. Le président lui est mort depuis longtemps. On sera là jusqu'à la victoire du peuple. Le vendredi, c'est à Alger, le dimanche c'est à Paris !", explique Rajaa Bensaid qui croit fermement à "une issue pacifique" de la crise algérienne.
Ce n'est pas l'avis d'un de ses compatriotes, qui a requis l'anonymat: "Ils ne vont jamais lâcher le morceau. Les gens s'impatientent. Et ils ont ressenti qu'il y avait un soutien des capitales occidentales, Paris, Washington...".
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Un certain nombre de pancartes critiquent d'ailleurs ces soutiens présumés et notamment celui d'Emmanuel Macron, chef de l'État français, l'ancienne puissance coloniale : "Macron, occupe-toi de tes affaires" ou encore "Ni Poutine, ni Macron, le peuple est le seul patron".
En renonçant lundi à sa candidature à un 5e mandat, M. Bouteflika a reporté l'élection présidentielle jusqu'à l'issue d'une prochaine "conférence nationale" censée réformer le pays, prolongeant de fait son actuel mandat au-delà de son expiration le 28 avril.
Une décision "saluée" quelques heures plus tard par le président français Emmanuel Macron qui a aussi appelé à "une transition d'une durée raisonnable".
Mais pour les manifestants qui le critiquent "Macron a soutenu un coup de force constitutionnel".
"On ne veut pas de prolongation", s'insurge Rajaa Bensaid.
Fatia, une infirmière anesthésiste, en France depuis 1995, dit gaiement avoir "pris un abonnement place de la République": "il faut que cela change, pas pour moi qui ai fait ma vie en France, mais pour les jeunes".
Dans plusieurs régions françaises, les manifestants affichaient la même détermination.
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A Saint-Etienne (centre), environ 500 personnes ont défilé sous la pluie, avec pour slogan "Libérer l'Algérie". Dans le Sud-Ouest, à Bordeaux, environ 300 personnes étaient rassemblées pour le deuxième dimanche consécutif pour demander la fin du "système", tandis qu'à Toulouse 200 à 250 personnes manifestaient. A Marseille (Sud-Est), environ 200 personnes se sont réunies sur le Vieux-Port, selon un photographe de l'AFP.
"On est là pour soutenir le peuple algérien et pour faire passer le message des millions d'Algériens qui sont sortis dans la rue vendredi pour dire non à la prolongation", a déclaré à l'AFP Hadi, 27 ans, à Toulouse depuis 3 ans.
"Il faut que le système dégage", a insisté Khalida, Toulousaine depuis plus de 40 ans, de nationalité française mais "Algérienne dans le sang et dans le coeur".
760.000 immigrés algériens vivent en France, selon l'Institut national français de la statistique (Insee). Ils sont 1,7 million si on y ajoute leurs enfants nés en France.