Certains pensent en avoir vu une rampant sur un siège de train ou tapie dans un fauteuil de cinéma... Les signalements de ces insectes suceurs de sang se multiplient, sans lien avec l’ampleur du phénomène, selon les autorités, décuplée par la viralité des réseaux sociaux, à l’approche des jeux Olympiques de 2024.
Le grand retour des nuisibles a pris des dimensions d’affaire d’État, à quelques mois des Jeux olympiques de Paris. «Tous les ministères sont au travail et mobilisés sur ce sujet», a soufflé une source gouvernementale à l’issue d’une réunion interministérielle.
Le gouvernement veut notamment rassurer à l’étranger, plusieurs pays craignant une éventuelle «exportation» et la propagation de ces nuisibles. En soulignant qu’il n’y a «pas de recrudescence» des punaises, le ministre des Transports Clément Beaune espère apaiser les inquiétudes.
Pourtant, au lycée Elisa-Lemonnier, à Paris, elles sont bien réelles: 14 classes ont été «infectées», d’après un message du directeur transmis vendredi matin aux enseignants. «Chez les parents et les élèves, il y a une psychose absolue. Je ne cesse de recevoir des messages de parents qui disent qu’ils n’enverront pas leur enfant tant qu’il y aura des punaises», raconte une enseignante qui a requis l’anonymat.
Au total, sept établissements scolaires ont été fermés en France et «un peu plus d’une quinzaine, je crois 17, établissements dans lesquels on a détecté, à divers niveaux, des punaises de lit», a déclaré le ministre de l’Éducation Gabriel Attal sur la chaîne de télévision France 5 vendredi soir.
À Amiens, la bibliothèque municipale Louis Aragon rouvre ses portes samedi, après plusieurs jours de fermeture en raison de la présence de cet insecte «dans ses espaces lecture». Après traitement, un chien renifleur n’a repéré aucune punaise, ce qui permet la remise en service de l’endroit, a indiqué la maire de la ville, Brigitte Fouré.
«Ça me démange»
Tout ceci n’a rien d’une «psychose», balaye Marie-Christine Gesta, 72 ans, occupée ces dernières années à combattre les punaises de lit qu’elle a découvertes lors d’un séjour à l’hôtel. «Ça m’a pourri la vie», explique à l’AFP cette femme qui s’était débarrassée de ces insectes depuis peu. Les voir ressurgir a donc «réveillé de mauvais souvenirs». «Ça me démange déjà rien que d’y penser», déplore celle qui vit près de Vannes.
Une peur qui se diffuse. Les meubles que l’on croit infestés sont désormais déposés aux déchets encombrants et tagués «Punaises de lit», comme sur nombre de photos de canapé, matelas et autres table à repasser postées sur X. «Il y a des matelas alignés dans ma rue avec des petites affiches demandant de ne pas toucher. On a peur de “la puce”», a même raconté au Guardian l’auteur américain Alfredo Mineo, qui vit à Paris.
«Stress post-traumatique»
«Il y a un petit effet de panique collective, ou même des gens qui n’ont pas de punaises de lit s’inquiètent d’en avoir, avec parfois un côté un peu obsessionnel», analyse le psychiatre Antoine Pelissolo, du CHU Henri-Mondor, à Créteil.
Ceux qui en ont eu vivent «presque un syndrome de stress post-traumatique», observe Marie Effroy, directrice de la société de dépistage Eco-Flai et présidente de l’Institut national d’étude et de lutte contre la punaise de lit (Inelp). Les personnes concernées sont tellement marquées par l’expérience qu’Eco-Flair a dû former ses employés à «la gestion du stress des clients», poursuit-elle.
Ces demandes de désinfections explosent. Chez les particuliers, mais aussi dans les transports publics, qui veulent montrer patte blanche. Le réseau de transports en commun de Montpellier (sud) a par exemple diffusé vendredi des photos d’une «opération de détection», mettant en avant un agent accompagné d’un chien renifleur.
Avant les JO-2024, avait d’ailleurs promis Clément Beaune, il faudra passer par un «grand nettoyage de printemps». Certains internautes le regretteraient presque. Ainsi de «mr_xcelo» sur Instagram, qui apprécie ces jours-ci le nombre de «places assises» dans le train de banlieue.