"Pour l'instant, une allocution du président n'est pas le débat. La ligne sur la laïcité a été réaffirmée mardi par le premier ministre devant la représentation nationale", fait savoir mercredi l'Elysée.
Attaché à siffler la fin de la récréation, Edouard Philippe a annoncé à l'Assemblée qu'il ne souhaitait pas "faire une loi sur les accompagnants scolaires", pointant plutôt "l'enjeu" des "dérives communautaires" et de la "déscolarisation.
Lire aussi : La loi sur la laïcité amendée pour encadrer le financement de l'islam en France
Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, qui a affirmé dimanche que "le voile en soi n'est pas souhaitable dans notre société", a lui-aussi tenté mercredi d'éteindre l'incendie, en assurant qu'il y avait "des sujets beaucoup plus importants relatifs à la laïcité".
Las, les deux camps continuent de s'affronter, à fleurets de moins en moins mouchetés, au sein même de la majorité sur un sujet aussi inflammable que récurrent en France, qui avait été relancé vendredi dernier lorsqu'un élu du Rassemblement national (RN) a invectivé une mère voilée en pleine séance du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.La députée Aurore Bergé, porte-parole de LREM, va plus loin en se disant prête à voter une proposition de loi LR sur l'interdiction du voile lors des sorties scolaires. "Je suis cohérente avec des convictions que j'ai toujours eues.", a-t-elle déclaré sur LCP.
Lire aussi : Je déteste la religion musulmane”: le directeur adjoint de la rédaction du “Figaro” s’enflamme à la télévision
Plusieurs députés LREM, dont Coralie Dubost, Cécile Rilhac, Eric Bothorel, Fannette Charvier et Amelia Lakrafi lui ont immédiatement répondu "Not in my name" (pas en mon nom) sur Twitter.
Le député du Val-d'Oise Aurélien Taché, dont les critiques envers M. Blanquer ont conduit à la saisine du médiateur de LREM, persiste lui-aussi: "notre rôle de responsables politiques, c'est quand même de défendre la loi" qui n'interdit pas le voile pour les sorties scolaires, a-t-il estimé sur RMC, regrettant qu'on "entre dans des considérations morales individuelles".
Le président du Sénat Gérard Larcher en appelle désormais à Emmanuel Macron, qui doit, selon lui, s'exprimer sur la laïcité et la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat.
"Le sujet n'a pas vraiment été tranché par le politique, voilà pourquoi je pense qu'il faut revenir aux fondamentaux de la loi de 1905 et que nous attendons sur ce sujet la parole du président de la République, qui l'a reportée moultes fois", a réclamé sur France 2 M. Larcher.
Le Rassemblement national, qui lance une pétition pour l'interdiction du voile lors des sorties scolaires, se tourne lui-aussi vers M. Macron, auquel il demande de "faire respecter la volonté des Français" et de "légiférer pour interdire le port de signes religieux ostentatoires lors des sorties scolaires".
"Il est temps qu'Emmanuel Macron prenne des mesures. Le discours d'Edouard Philippe pour dire que tout va bien, c'est délirant", a accusé le vice-président du RN, Jordan Bardella sur LCI.
"Tout le monde est d'accord avec nous", répète-t-on à l'envi au RN en prenant appui sur un sondage Ifop-Fiducial, diffusé lundi, selon lequel 66% des Français sont favorables à l'interdiction de signes religieux ostensibles aux parents d'élèves qui accompagnent les sorties scolaires.
"Le président juge irresponsable et dangereux que certains responsables politiques fassent l'amalgame entre le port du voile et la radicalisation", répond-on à l'Elysée.
Pour le chef de l'Etat, "il faut poursuivre la lutte contre le communautarisme et le dialogue avec les instances représentatives religieuses".
La gauche déplore une "stigmatisation" de la part de l'Etat. "Nos concitoyens musulmans en ont marre" et "ce n'est pas à l'État de stigmatiser une religion. Cette stigmatisation en réalité, c'est du racisme, disons-le clairement", a accusé sur Sud Radio le député insoumis Eric Coquerel.