Les onze ministres et les trois ministres délégués nommés jeudi seront rassemblés à l’Élysée autour du président et de M. Attal, trois jours après la nomination de ce dernier à Matignon.
«Le président et le Premier ministre s’exprimeront sur le sens de ce gouvernement, le cap, et il va y avoir aussi quelques attendus formulés en termes de méthode et d’action», fait-on valoir dans l’entourage présidentiel.
La journée de vendredi sera également marquée par les cérémonies de passation de pouvoirs pour les portefeuilles ayant changé de titulaire, même si l’équipe gouvernementale est marquée par une certaine stabilité.
Ainsi Bruno Le Maire (Bercy), Gérald Darmanin (Intérieur), Marc Fesneau (Agriculture), Sébastien Lecornu (Armées), Éric Dupond-Moretti (Justice), Christophe Béchu (Transition écologique) et Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur et Recherche) ont conservé leurs attributions.
Précédemment chargée des Sports, Amélie Oudéa-Castéra hérite, elle, d’un très large portefeuille alliant Éducation nationale, Jeunesse et Sports, à sept mois des Jeux olympiques de Paris.
Aurore Bergé se retrouve rétrogradée ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes.
Parmi les entrants, un proche d’Emmanuel Macron, le chef du parti Renaissance Stéphane Séjourné, autrefois pacsé avec Gabriel Attal, se voit confier les rênes de la diplomatie française en remplacement de Catherine Colonna.
Mais la surprise du chef est l’entrée de Rachida Dati, ex-Garde des sceaux de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2009 et figure des Républicains, immédiatement exclue par le patron du parti, Éric Ciotti.
Polémique Dati
Autre recrue venue de la droite: Catherine Vautrin. L’ex-ministre de Jacques Chirac (2004-2007) avait rallié Emmanuel Macron en 2022 mais avait vu Matignon lui échapper in extremis au profit d’Élisabeth Borne, après une fronde interne des principaux cadres de la majorité.
Cette équipe gouvernementale restreinte sera bientôt complétée par une liste additionnelle de ministres délégués et de secrétaires d’État.
Les entrées de Rachida Dati et Catherine Vautrin confirment «l’ancrage à droite de la macronie qui était déjà très clair pour les Français, notamment avec les deux réformes symboliques sur les retraites et l’immigration», estime auprès de l’AFP Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos.
La gauche ne s’est pas privée d’ironiser dès jeudi soir sur un gouvernement «Sarkozy IV». «La « régénération » c’est donc celle des dinosaures sarkozystes. Le « réarmement civique » (expression employée par M. Macron lors de ses vœux, NDLR), c’est donc la nomination d’une ministre mise en examen pour trafic d’influence et corruption», a réagi sur X le premier secrétaire du PS Olivier Faure, sans nommer explicitement Rachida Dati.
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La maire du 7ème arrondissement de Paris est mise en examen depuis juillet 2021 pour «corruption» et «trafic d’influence passif par personne investie d’un mandat électif public» dans l’enquête sur des contrats noués par une filiale de Renault-Nissan, quand Carlos Ghosn en était le PDG. Elle nie toute irrégularité.
Sur TF1, Gabriel Attal a salué jeudi «une femme d’engagement, d’énergie, qui toute sa vie s’est battue pour obtenir ce qu’elle voulait obtenir» et a invoqué la «présomption d’innocence».
«Moi, ce que je veux, c’est de l’action, de l’action, de l’action» et «des résultats, des résultats, des résultats», a martelé le plus jeune Premier ministre de l’histoire de la République, en vantant «l’énergie» de son équipe «engagé(e) à 200% pour répondre aux attentes des Français».
S’il s’est très peu engagé sur ses décisions à venir, refusant notamment de confirmer une hausse de 10% de l’électricité et renvoyant à sa prochaine déclaration de politique générale, M. Attal a renouvelé l’engagement présidentiel de baisser les impôts pour les classes moyennes, érigées en priorité mardi lors de la passation de pouvoir à Matignon.