Le CFCM est l'instance représentative du culte musulman en France.
"Cette officialisation de documents de travail non encore adoptés s'est faite en l'absence des représentants de nos fédérations", déplorent dans un communiqué commun la grande mosquée de Paris (GMP, liée à l'Algérie), l'UOIF (issue des Frères musulmans), les confédérations turques Milli Görüs et CCMTF ainsi que l'association Foi et Pratique (ultra-rigoristes du Tabligh).
"L'attitude affichée de l'actuel président du CFCM", Anouar Kbibech, "ne rendra service ni aux imams, ni à la communauté musulmane, ni à notre pays", accusent les signataires, dénonçant une volonté de "publier coûte que coûte" cette charte.
Interrogé par l'AFP, l'intéressé, également responsable du Rassemblement des musulmans de France (lié au Maroc), s'est dit "étonné de cette démarche" des cinq fédérations.
"Il y a eu plusieurs réunions, Dalil Boubakeur (recteur de la Grande Mosquée de Paris, ndlr) était d'accord la semaine dernière. Le consensus était là, nous n'avons fait que l'acter" mercredi, a-t-il assuré, en affirmant que la polémique "ne va pas nous empêcher d'avancer".
Pressé par le gouvernement français de réagir face aux discours radicaux, alors que la France a connu en 2015 et 2016 une vague inédite d'attentats jihadistes, le CFCM avait exprimé dès l'automne 2015 son intention de proposer une "charte de l'imam" pour veiller au recrutement de prêcheurs respectueux du "pacte républicain".
L'élaboration dans la douleur de ce projet témoigne de la difficulté à faire avancer le chantier d'un "islam de France" pour des responsables musulmans souvent divisés et en mal de représentativité.
En 2016, la France comptait quelque 2.500 mosquées et salles de prière, dont environ 120 considérées comme diffusant une idéologie fondamentaliste salafiste.