Après les révélations du Canard Enchaîné la semaine dernière, voilà une nouvelle affaire qui tombe mal pour le candidat à la présidentielle.
En effet, l'hebdomadaire Le Canard enchaîné a révélé mercredi que Penelope Fillon, une Galloise d'origine qui s'est toujours présentée comme une femme au foyer, avait été rémunérée pendant huit ans comme attachée parlementaire par son époux, puis par son suppléant à l'Assemblée nationale, entre 1998 et 2012.
Cette pratique n'a rien d'illégal à condition, bien entendu, que l'intéressé(e) travaille réellement. Mais elle passe mal: 76% des Français veulent que les parlementaires aient interdiction d'embaucher tout membre de leur famille, selon un sondage publié vendredi.
Le parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire, notamment sur des soupçons de "détournement de fonds publics", et lancé ses investigations. Une perquisition a été menée à la "Revue des Deux Mondes", propriété d'un ami de Fillon. L'enquête vise aussi des soupçons d'abus de biens sociaux : Pénélope Fillon y aurait été salariée pour environ 5.000 euros bruts par mois, entre mai 2012 et décembre 2013.
Cette fois-ci, c’est François Fillon lui-même qui est pointé du doigt, comme le rapporte le site Médiapart. Entre 2005 et 2007, il aurait détourné quelque 25.000 euros grâce à un mécanisme clandestin de captation de fonds publics partagé avec nombre de sénateurs UMP entre 2003 et 2014. Plusieurs élus en ayant profité viennent même d’être mis en examen pour «recel de détournements de fonds publics». L’information judiciaire en question porte uniquement sur des faits postérieurs à 2009, période à laquelle François Fillon avait déjà quitté le Palais du Luxembourg pour Matignon. Son cas ne fait donc pas l’objet d’investigations.
Comment fonctionne ce système? Tous les parlementaires disposent d’une enveloppe mise à leur disposition pour salarier des assistants personnels. Quand ils ne sont pas épuisés, ces fonds sont reverses par certains élus à leur «groupe politique». Jusque-là, rien d’irrégulier. Sauf qu’entre 2003 et 2014, des sénateurs UMP récupéraient en douce un tiers du crédit qu’ils déléguaient au groupe. Au Palais du Luxembourg, cette commission portait même un surnom: «la ristourne». Selon les années et les courants politiques auxquels appartenaient les bénéficiaires, ces sommes ont pu suivre divers circuits, être directement distribuées par le groupe UMP ou bien transiter par une association fantoche, baptisée Union républicaine du Sénat (URS), plus discrète, qui se chargeait de signer les chèques.
Interrogé par Mediapart ce samedi après-midi, l’entourage de François Fillon a refusé de confirmer ou de démentir que l’ancien Premier ministre ait touché de tels chèques, se contentant d’affirmer: «Pas de commentaire sur une affaire judiciaire en cours», selon Médiapart.
Comme le site l’a détaillé dans une précédente enquête, ces commissions ont rarement dépassé 4 000 euros par personne et par trimestre. Mais sur douze ans, elles se chiffrent en millions d’euros.