Cette attaque violente a suscité une vague de réactions politiques, alors que l'Italie se prépare à voter le 4 mars pour des législatives aux résultats incertains.
Un jeune homme au crâne rasé a vidé deux chargeurs avec un pistolet alors qu'il circulait seul en voiture en plein cœur de Macerata, ville du centre du pays, selon des éléments de l'enquête révélés par la presse. Il aurait clamé "L'Italie aux Italiens", aux policiers, selon l'agence de presse Agi.
Les six blessés, cinq hommes et une femme, sont originaires du Mali, du Ghana et du Nigeria, selon Agi.
Le maire de Macerata, Romano Carancini, avait imposé un couvre-feu pendant la fusillade, qui a semé durant deux heures la panique dans plusieurs rues du centre de cette ville de 43.000 habitants, située à 30 km des côtes de l'Adriatique.
Le ministre de l'Intérieur Marco Minniti a jugé que la fusillade était marquée par une culture "d'extrémisme de droite avec des références claires au fascisme et au nazisme", après une réunion samedi soir avec les forces de l'ordre locales.
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Le seul lien entre les victimes est "la couleur de leur peau", a-t-il assuré, en décrivant "une initiative criminelle à caractère individuel, certainement préparée à l'avance".
Un homme d'origine nigériane, touché à la cuisse dans la rue alors qu'il allait acheter des cigarettes, a raconté depuis son lit d'hôpital avoir vu un tireur au volant en train de le viser.
Un jeune homme a été grièvement blessé au thorax, les cinq autres victimes ayant des lésions moins sérieuses, selon les médias.
Des bureaux du Parti démocrate (centre-gauche, au pouvoir) ont aussi été visés par les tirs.
Le tireur, identifié comme Luca Traini, âgé de 28 ans, a été arrêté peu avant 13h00 locales (12H00 GMT) sur les marches de l'immense monument aux morts de Macerata, après être descendu de sa voiture à bord de laquelle la police a retrouvé un pistolet.
Le jeune homme a eu le temps de s'envelopper dans le drapeau tricolore de l'Italie, avant de tendre le bras pour faire un salut fasciste, a précisé la presse italienne sur la base de témoignages.
Candidat de la Ligue du Nord
Luca Traini avait été candidat en 2017 sous l'étiquette de la Ligue du Nord (parti souverainiste anti-immigration proche du Front national français) à des élections communales non loin de Macerata.
"Quelqu'un qui tire est un délinquant, abstraction faite de la couleur de la peau", a très vite réagi le patron de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, avant de dénoncer l'"invasion" migratoire en Italie. "J'ai hâte d'arriver au gouvernement pour ramener dans toute l'Italie la sécurité, la justice sociale et la sérénité".
"La haine et la violence ne nous diviseront pas", a de son côté assuré le chef du gouvernement Paolo Gentiloni, appelant au calme et à s'abstenir de toute récupération politique à un mois du scrutin.
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"Il me semble qu'il s'agit du geste d'un déséquilibré, qui mérite la plus ferme condamnation, mais qui ne peut être considéré comme ayant une connotation politique claire", a jugé Silvio Berlusconi, dont le parti de droite Forza Italia est allié à la Ligue de Matteo Salvini.
Cette alliance, qui inclut aussi les post-fascistes de Fratelli d'Italia, est en tête dans les sondages, avec 35% des intentions de vote pour le 4 mars. La police n'a pour l'instant fait "aucun lien direct" entre Luca Traini et un sordide fait divers amplement couvert depuis deux jours par les médias.
Un Nigérian demandeur d'asile et dealer de drogue a été arrêté cette semaine dans cette même ville de Macerata, soupçonné d'avoir assassiné une Italienne de 18 ans dont le corps a été retrouvé mercredi découpé en morceaux dans des valises.
La police a notamment découvert vendredi au domicile de ce Nigérian de 29 ans des vêtements de la victime et un couteau avec des traces de sang. Il a été inculpé d'homicide samedi.
L'Italie est en première ligne dans la crise migratoire, avec plus de 600.000 migrants arrivés sur ses côtes depuis 2014 et une explosion des demandes d'asile du fait du blocage des frontières française, suisse et autrichienne au nord de la péninsule.