Via l’intermédiation principale du Qatar, un accord a été conclu entre Israël et le Hamas, portant sur la libération de 50 otages aux mains du Hamas, en échange de celle de prisonniers palestiniens -des femmes et des enfants- et d’une trêve de quatre jours dans la bande de Gaza, premier signe tangible de répit après 45 jours de guerre.
«Le gouvernement a approuvé les grandes lignes de la première étape d’un accord selon lequel au moins 50 personnes enlevées -des femmes et des enfants- seront libérées pendant quatre jours au cours desquels il y aura une accalmie dans les combats», a ainsi affirmé un communiqué du gouvernement israélien.
Le mouvement palestinien, dont le chef Ismaïl Haniyeh avait fait état d’avancées dans les pourparlers, a salué un accord de «trêve humanitaire», précisant que les «dispositions de cet accord ont été formulées conformément à la vision de la résistance».
Les autorités du Qatar, émirat au centre des pourparlers de trêve, ont confirmé un accord pour une «pause humanitaire» dans la bande de Gaza. «Le début de cette pause sera annoncé dans les prochaines 24 heures et durera quatre jours, avec possibilité de prolongation», a déclaré sur X le ministère qatari des Affaires étrangères, se félicitant du «succès» de sa médiation conjointe avec l’Égypte et les États-Unis.
Doha œuvre depuis des semaines avec Washington et Le Caire pour obtenir une libération d’otages retenus à Gaza en échange de celle de prisonniers palestiniens et d’une trêve dans les combats.
Un haut responsable du Hamas a dit à l’AFP s’attendre à ce «qu’un premier échange de 10 otages contre 30 prisonniers soit réalisé dès jeudi» et que cette «trêve peut être prolongée». Après 50 otages libérés, «la libération de dix otages supplémentaires conduira à une journée supplémentaire de pause» dans les combats, a indiqué le gouvernement israélien.
Poursuite de la guerre
Cet accord de trêve ne signifie pas la fin de la guerre dans la bande de Gaza, avait prévenu mardi soir le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, disant souhaiter une reprise à «pleine force» des opérations après la trêve afin de «créer les conditions nécessaires pour ramener à la maison d’autres otages».
Les organisations internationales et de nombreuses capitales étrangères multiplient les appels à un cessez-le-feu ou à une trêve face à la situation humanitaire catastrophique dans le petit territoire assiégé, où la guerre a détruit des quartiers entiers, dévasté le système de santé et entraîné des déplacements massifs de population.
Une «tragédie» sanitaire se profile dans la bande de Gaza, où l’eau «manque cruellement» et la pénurie de carburant risque de provoquer «l’effondrement des services d’assainissement», a encore averti mardi le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).
En Israël, 1.200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées, selon les autorités, dans l’attaque du Hamas du 7 octobre. En représailles, l’armée israélienne pilonne sans relâche depuis 45 jours la bande de Gaza, où elle mène depuis le 27 octobre une offensive terrestre. Dans le territoire palestinien, plus de 14.000 personnes ont été tuées par les bombardements israéliens, dont plus de 5.800 enfants, selon le gouvernement du Hamas.
D’après l’ONU, près de 1,7 million des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés par la guerre dans la bande de Gaza, soumise depuis le 9 octobre par Israël à un «siège total». L’aide humanitaire, dont l’entrée est soumise au feu vert d’Israël, arrive au compte-gouttes via l’Égypte, en quantité largement insuffisante, selon l’ONU.
Un hôpital assiégé
Dans la bande de Gaza, où les humanitaires font état d’une forte augmentation des maladies telles que la diarrhée et les infections respiratoires, près de 900.000 personnes déplacées ont trouvé refuge dans des abris surpeuplés gérés par l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).
À Rafah, non loin de la frontière égyptienne dans le sud de la bande de Gaza, où de nombreux Palestiniens ont trouvé refuge dans des conditions extrêmement précaires, Hamza Abdel Razeq, un habitant, espère une trêve «afin d’alléger les souffrances du peuple palestinien qui a enduré 45 jours de guerre, de destruction et de tueries».
Médecins sans frontières (MSF) a annoncé que trois médecins, dont deux travaillant pour ses opérations, avaient été tués dans une frappe sur l’hôpital Al-Awda du camp de Jabaliya. Selon le ministère de la Santé du Hamas, l’Hôpital indonésien, en bordure de ce camp, était toujours assiégé mardi par les chars israéliens et «50 morts» gisaient sur le parvis de l’établissement.
Le Hamas affirme qu’Israël mène «une guerre contre les hôpitaux» de Gaza, dont la quasi-totalité dans le nord du territoire ne fonctionnent plus. Israël, qui occupe depuis le 15 novembre l’hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, accuse de son côté le Hamas de se servir des hôpitaux comme de bases militaires, ce que le mouvement palestinien dément.
Frappes israéliennes au Liban, américaines en Irak
Dans le sud du Liban, huit personnes, dont trois journalistes, ont été tuées mardi par des frappes israéliennes, rapporte l’agence de presse officielle libanaise. L’armée israélienne a fait état de plusieurs tirs dans la nuit depuis le Liban vers le nord d’Israël, à l’heure où la communauté internationale craint une extension du conflit dans la région.
À la faveur de l’accord de trêve à Gaza, le haut responsable de la Maison Blanche a dit que Washington espérait désormais une «pause complète» dans les hostilités entre le Hezbollah libanais et l’armée israélienne à la frontière israélo-libanaise. En Irak, une frappe américaine a tué des combattants de milices pro-iraniennes, a dit mardi le Pentagone, en riposte à une attaque visant des militaires américains dans la région.