La menace d’une offensive israélienne persiste dimanche contre Rafah, où se réfugient plus de 1,3 million de Palestiniens selon l’ONU, dont une grande majorité des civils ayant fui les bombardements israéliens et la guerre qui fait rage depuis quatre mois entre Israël et le Hamas.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a ordonné mercredi 7 février la préparation d’une opération militaire dans la ville, a toutefois indiqué que les civils palestiniens bénéficieront d’un «passage sécurisé» pour la quitter.
Le Hamas a mis en garde «contre une catastrophe et un massacre qui pourraient aboutir à des dizaines de milliers de martyrs et de blessés». L’opération israélienne suscite également l’inquiétude à l’étranger et notamment en Arabie saoudite, dont la diplomatie a prévenu samedi «des répercussions très graves» sur la population civile d’un assaut contre Rafah.
«La violation continue du droit international et du droit humanitaire international confirme la nécessité d’une réunion urgente du Conseil de sécurité de l’ONU pour empêcher Israël de provoquer une catastrophe humanitaire», ajoute le communiqué de Ryad.
Après avoir accusé 12 parmi les 30.000 employés de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) d’être impliqués dans attaques du 7 octobre 2023, provoquant la suspensions des contributions de plusieurs pays donateurs à son budget , Israël a affirmé samedi avoir découvert «un tunnel du Hamas» sous le quartier général de l’agence dans la ville de Gaza.
L’Unrwa a souligné que le bâtiment avait été évacué le 12 octobre, et que la dernière inspection de ses locaux à Gaza, effectuée en septembre 2023, n’avaient conclu à aucune activité dans son sous-sol. «Nous n’avons pas utilisé ce bâtiment depuis que nous l’avons quitté et nous n’avons connaissance d’aucune activité qui aurait pu s’y dérouler», a écrit sur X le chef de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, ajoutant que les accusations d’Israël «méritent une enquête indépendante».
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche le petit territoire palestinien, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué 28.064 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait plus de 70.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 400 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
«Entre la vie et la mort»
Environ 1,7 million de personnes, selon l’ONU, sur un total de 2,4 millions d’habitants, ont fui leur foyer depuis le 7 octobre, beaucoup d’entre elles déplacées plusieurs fois à travers le territoire dévasté, assiégé par Israël, et plongé dans une crise humanitaire majeure, sans approvisionnement en eau, en nourriture, en médicaments, en électricité et en carburant.
Rafah, adossée à la frontière fermée avec l’Egypte, est le dernier grand centre urbain où l’armée n’a pas encore pénétré. Cette ville, transformée en un gigantesque campement de fortune, est le principal point d’entrée pour l’aide humanitaire, toujours largement insuffisante. «Nous sommes entre la vie et la mort. Nous vivons dans l’instant», témoigne Bassel Matar, un homme réfugié à Rafah.
Le déplacement forcé de plus d’un million de Palestiniens «sans trouver un endroit sûr où aller (...) aurait des conséquences catastrophiques», a averti Nadia Hardman, spécialiste des droits des migrants et des réfugiés pour Human Rights Watch.
«Catastrophe humanitaire annoncée»
L’ONU et les États-Unis, principal allié d’Israël, s’inquiètent du sort des civils. Le président américain Joe Biden avait haussé le ton jeudi contre Israël, jugeant «excessive» sa «riposte» à l’attaque du 7 octobre. Pour le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, une éventuelle offensive de l’armée israélienne à Rafah s’apparenterait à «une catastrophe humanitaire indescriptible».
À quelques kilomètres au nord, à Khan Younès, les combats se concentrent dans l’enceinte de l’hôpital Nasser, le plus grand du sud de Gaza, et l’un des derniers encore en fonction, assiégé par les chars israéliens où se trouvaient encore samedi 300 employés, 450 blessés et 10.000 déplacés, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Trois personnes, dont deux civils, ont par ailleurs été tuées samedi dans des frappes israéliennes au Liban, dont l’une visait un responsable du mouvement palestinien Hamas qui a survécu, ont indiqué des sources de sécurité libanaise et palestinienne à l’AFP.