Gaza: des milliers de Palestiniens pris dans les combats autour de l’hôpital Al-Chifa

Des personnes attendent dans des abris dans l'obscurité, alors que le carburant pour la production d'électricité vient à manquer, à l'extérieur de l'hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza, tôt le 3 novembre 2023, au milieu des batailles en cours entre Israël et le groupe palestinien Hamas.. AFP or licensors

Les combats entre l’armée israélienne et le Hamas se concentrent au cœur de la ville de Gaza, notamment autour de certains hôpitaux encore fonctionnels. Des milliers de Palestiniens sont bloqués autour de l’hôpital Al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, privé d’eau et d’électricité depuis quelques jours, et pris au piège des affrontements.

Le 13/11/2023 à 07h32

Près de 15.000 Palestiniens, selon les chiffres du bureau de la coordination de l’aide humanitaire de l’ONU, espèrent pouvoir quitter le site de l’hôpital Al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, pris au piège de combats entre le Hamas et l’armée israélienne et privé depuis quelques jours d’eau et d’électricité.

«Les chars (israéliens) assiègent complètement l’hôpital Al-Chifa», a dit à l’AFP le vice-ministre de la Santé du Hamas, Youssef Abou Rich, soulignant que «650 patients, une quarantaine d’enfants en couveuse, tous menacés de mort» se trouvent dans cet hôpital. Le Hamas a annoncé dimanche soir que «cinq bébés prématurés» et «sept patients en soins intensifs» étaient morts en raison du manque d’électricité à l’hôpital Al-Chifa.

Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens incessants ont tué depuis le 7 octobre 11.180 personnes, majoritairement des civils, incluant 4.609 enfants, selon le ministère de la santé du Hamas. Le territoire palestinien, où plus de 1,5 des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés selon l’ONU, est soumis à un siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre, privant la population d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments.

Près de 200.000 Palestiniens ont fui en trois jours le nord du territoire via des «corridors» ouverts quotidiennement pendant des «pauses», marchant plusieurs kilomètres à pied pour se réfugier dans le sud de la bande de Gaza.

Les combats se concentrent au cœur de la ville de Gaza, notamment autour de certains hôpitaux soupçonnés par l’armée israélienne d’abriter des infrastructures du Hamas, un affirmation catégoriquement démentie par le mouvement palestinien. Dans un message sur X, Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a qualifié la situation à l’hôpital Al-Chifa de «grave et dangereuse» après «trois jours sans électricité, sans eau».

«Les échanges de tirs et les bombardements incessants dans les environs aggravent des circonstances déjà difficiles», a-t-il dit. «Le monde ne peut rester silencieux quand les hôpitaux, qui devraient être des havres de paix, sont transformés en scènes de mort, de dévastation, de désespoir. Cessez-le-feu maintenant», a-t-il demandé.

Outre Al-Chifa, la situation reste critique dans les quelques autres hôpitaux encore fonctionnels de Gaza. Selon Mohammed Zaqout, directeur des hôpitaux dans ce territoire: des patients «sont dans les rues sans soins» après les «évacuations forcées» de deux hôpitaux pédiatriques, Al-Nasr et Al-Rantissi. Et un autre hôpital de Gaza-ville, Al-Quds, a cessé de fonctionner dimanche en raison d’un manque de carburant et d’électricité, selon le Croissant-Rouge palestinien.

«Pas une galette de pain»

«L’armée israélienne nous a ordonné de sortir de l’hôpital Al-Quds ce matin», a raconté dimanche à l’AFP Islam Chamallah, après avoir fait une douzaine de kilomètres à pied avec sa fille dans les bras, son mari et leurs trois autres enfants qui avancent avec peine.

Les Palestiniens qui ont pu se rendre jusqu’au sud du territoire ont vu toutefois ce dernier ciblé par les frappes israéliennes. À Bani Souheila, près de Khan Younès, un bombardement sur une dizaine de maisons a fait «10 morts, dont des femmes et des enfants», selon les services médicaux. «Je n’ai même pas une galette de pain pour nourrir mes enfants», explique à l’AFP une femme de 42 ans, Oum Yaaqoub, arrivée à Khan Younès il y a trois jours avec son mari et ses sept enfants.

Principal allié d’Israël, Washington a dit s’opposer aux combats dans les hôpitaux à Gaza, «où des personnes innocentes, des patients recevant des soins médicaux, sont pris dans des tirs croisés». Condamnant dimanche «l’utilisation par le Hamas d’hôpitaux et de civils comme boucliers humains», l’Union européenne a appelé Israël à une «retenue maximale» pour «protéger les civils».

La communauté internationale craint surtout une extension du conflit à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs quotidiens se sont intensifiés dimanche, voire au-delà dans la région impliquant des milices pro-Iran.

Dix personnes ont été blessées en Israël par un missile antichar tombé dans le nord du pays, ont indiqué les services de secours, alors que l’armée israélienne dit avoir répliqué en visant le sud du Liban, d’où opère le Hezbollah allié de l’Iran.

Et les États-Unis ont lancé dimanche des frappes en Syrie «sur des installations dans l’est de la Syrie utilisées par le Corps des Gardiens de la révolution islamique d’Iran et des groupes affiliés à l’Iran, en réponse aux attaques continues contre le personnel américain en Irak et en Syrie», a déclaré le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.

En parallèle, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évoqué dimanche dans un entretien à la chaîne américaine NBC l’éventualité d’un accord pour libérer certains des quelque 240 otages et prisonniers retenus par le Hamas dans la bande de Gaza, une condition selon lui à tout cessez-le-feu.

Par Le360 (avec AFP)
Le 13/11/2023 à 07h32