En parallèle à une nouvelle série de négociations au Caire, et en dépit des pressions internationales, Israël maintient ses projets d’attaque terrestre sur la ville de Rafah, à l’extrémité sud du territoire palestinien, où sont massées près d’un million et demi de personnes, selon l’ONU, la plupart des déplacés ayant fui les opérations israéliennes dans l’ensemble de l’enclave palestinienne.
Dimanche, les soldats israéliens s’étaient retirés de Khan Younès, une autre ville du sud du territoire côtier qui a été l’épicentre des bombardements et des raids israéliens depuis plusieurs semaines, laissant derrière eux un paysage de destruction et de mort.
Aussitôt après ce retrait, des dizaines de Palestiniens réfugiés à Rafah sont retournés dans leurs quartiers à Khan Younès. À pied, en voiture ou sur des charrettes tirées par des ânes, des photos de l’AFP montrent des hommes et des femmes esseulés, marchant dans une ville devenue un champ de ruines. «Toutes les rues ont été rasées au bulldozer. Et l’odeur... J’ai vu des gens creuser et sortir les corps», a témoigné Maha Taher, 38 ans, mère de quatre enfants.
«Progrès significatifs»
Une nouvelle série de négociations indirectes ont lieu au Caire entre le Hamas et Israël via l’Égypte, les États-Unis et le Qatar. Ces discussions, visant à aboutir à une trêve ainsi qu’à la libération des otages retenus à Gaza connaissent «des progrès significatifs», a affirmé lundi le média égyptien Al-Qahera News, citant une source gouvernementale égyptienne. Les délégations du Qatar et du Hamas sont parties du Caire et y reviendront «sous deux jours pour finaliser les termes de l’accord», selon ce média.
Les délégations américaine et israélienne doivent, elles, quitter la capitale égyptienne «dans les prochaines heures» et des consultations vont se poursuivre au cours des prochaines 48 heures, a expliqué la même source.
Samedi, le Hamas a assuré qu’il ne renoncerait pas à ses exigences: «un cessez-le-feu complet», un retrait israélien de Gaza, un retour des déplacés et un accord «sérieux» d’échange d’otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël. M. Netanyahu a rétorqué dimanche qu’il n’y aurait pas de cessez-le-feu sans la libération de tous les otages.
Situation «plus que catastrophique»
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis plus de 6 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 33.175 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et plus de 75.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, près de 460 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
Outre le bilan humain et les destructions, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire de 2,4 millions d’habitants, où l’ONU craint une famine généralisée. Strictement contrôlée par Israël, avec une longue liste de restrictions, l’aide humanitaire acheminée par voie terrestre via l’Égypte a connu tout récemment une amélioration après la pression exercée par les États-Unis sur Israël.
Environ 322 camions humanitaires sont entrés dans la bande de Gaza par les points de passage de Karem Abu Salem et de Rafah. Toutefois, d’après le média qatari Al Jazeera, aucun des véhicules n’a été autorisé à se rendre dans le nord de la bande de Gaza, zone la plus touchée par les manques alimentaires et sanitaires.
About 322 humanitarian trucks have been allowed to enter the Gaza Strip through both the Karem Abu Salem and Rafah crossing. However, none of them have been granted access to the north, reports Al Jazeera's Tareq Abu Azzoum
— Al Jazeera English (@AJEnglish) April 8, 2024
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«Mon fils de 8 ans me demande à manger mais je n’ai rien à lui donner (...) Je souhaite la mort pour moi et mes enfants pour être libérés de ce tourment », a dit à l’AFP Labad, une mère de quatre enfants réfugiée chez des proches après la destruction de sa maison à Jabaliya, dans le nord.
Dimanche, plusieurs agences des Nations unies et des organisations humanitaires ont qualifié de «plus que catastrophique» la situation à Gaza. «Les maisons, écoles, hôpitaux sont en ruines. Les enseignants, médecins, humanitaires sont tués. La famine est imminente», a affirmé sur X la cheffe de l’Unicef, Catherine Russell.
Après qu’un drone de l’armée israélienne a tué sept travailleurs humanitaires, dont une Australienne, de l’ONG américaine World Central Kitchen dans une frappe israélienne le 1er avril, Canberra a chargé lundi un ancien responsable militaire de travailler avec Israël pour garantir la «transparence» de l’enquête.