Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi devant le Conseil de sécurité à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat» et condamné les «violations claires du droit humanitaire» dans le territoire palestinien, bombardé sans discontinuer depuis plus de 15 jours, et où l’aide n’arrive que parcimonieusement.
Opposés à un cessez-le-feu, les États-Unis estiment que celui-ci ne «bénéficierait qu’au Hamas». Toutefois, «des pauses humanitaires» dans les combats pour permettre l’acheminement de l’aide doivent être «considérés», a nuancé le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.
Soumise à un blocus israélien depuis 2007, la bande de Gaza est placée depuis le 9 octobre en état de «siège complet», sans eau, électricité ni nourriture. Ce siège s’accompagne de bombardements sans relâche par Israël, en représailles à l’attaque du Hamas sur son sol le 7 octobre, bombardements qui se sont intensifiés au cours des derniers jours en prélude à une probable offensive terrestre.
Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël, la plupart des civils le jour de l’attaque du Hamas, selon les autorités, et environ 220 otages et prisonniers israéliens, étrangers ou binationaux ont en outre été recensés par Israël, emmenés à Gaza. Près de 5.800 personnes avaient été tuées par les bombardements israéliens, en majorité des civils dont 2.360 enfants.
Le président français, Emmanuel Macron, a jugé mardi que «rien ne saurait justifier» les «souffrances» des civils à Gaza, aux côtés du président palestinien Mahmoud Abbas en Cisjordanie occupée, après une visite en Israël, où il a insisté sur la libération des otages et plaidé pour une «coalition internationale» contre le Hamas.
«Le temps presse»
Une cinquantaine de camions d’aide internationale sont arrivés à Gaza depuis samedi en provenance d’Egypte via le poste-frontière de Rafah, le seul point de passage vers Gaza qui ne soit pas sous contrôle israélien. «Une goutte dans un océan de besoins», a jugé mardi M. Guterres. «Sans carburant, l’aide ne peut être acheminée, les hôpitaux n’ont pas d’électricité et l’eau potable ne peut être purifiée ni même pompée», a-t-il ajouté.
«Le temps presse. Nous avons un besoin urgent de carburant», a déclaré à l’AFP Juliette Touma, directrice de la communication de l’UNRWA, qui craint de devoir arrêter sinon ses opérations mercredi soir. Six hôpitaux ont déjà dû fermer leurs portes en raison du manque de carburant, selon l’Organisation mondiale de la santé. La livraison de carburant continue cependant d’être exclue par Israël.
Depuis le 15 octobre, l’armée israélienne appelle les civils du nord de la bande de Gaza à évacuer vers le sud. Toutefois, les frappes continuent aussi de toucher le sud. Au total, au moins 1,4 million de Palestiniens ont été forcés de fuir leur foyer depuis le début de la guerre selon l’ONU et des centaines de milliers de déplacés sont massés dans des conditions humanitaires catastrophiques dans le sud, proche de la frontière égyptienne.
«Nous demandons au monde entier qu’il intervienne et arrête la guerre. La plupart de ceux qui meurent sont des enfants», a appelé Ibrahim Abou Jazar, qui s’est réfugié dans une école de Rafah.
Ce mercredi, l’armée israélienne a annoncé qu’elle avait frappé des infrastructures militaires en Syrie en réponse à des tirs mardi en direction d’Israël, tuant 8 soldats syriens. Dimanche, des frappes israéliennes avaient mis hors service les deux principaux aéroports de Syrie, ceux d’Alep et Damas, tuant deux employés selon des médias officiels syriens.
En Cisjordanie, trois personnes ont été tuées lors d’une attaque israélienne près du camp de réfugiés de Jénine, ont rapporté des médias palestiniens mercredi. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), au moins 95 Palestiniens ont été tués par des attaques israéliennes dans la région depuis le début du conflit.