La chaîne égyptienne AlQahera News, proche du renseignement égyptien, a affirmé jeudi soir que le point de passage de Rafah, entre l’Egypte et la bande de Gaza, le seul qui ne soit pas contrôlé par Israël, ouvrirait vendredi.
Les convois d’aide humanitaire, qui attendent de se rendre dans cette enclave exiguë où vivent 2,4 millions de Palestiniens, sont bloqués depuis des jours à Rafah, alors que le conflit entre dans sa 14e journée.
Quartiers rasés
Plus de 1.400 personnes ont été tuées sur le territoire israélien par les hommes du Hamas, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou morts de mutilations le jour de l’attaque meurtrière du Hamas, selon les autorités israéliennes. D’après l’armée israélienne, environ 1.500 combattants du Hamas ont été tués dans la contre-offensive ayant permis à Israël de reprendre le contrôle des zones attaquées.
Le Hamas a enlevé 203 otages, selon un chiffre revu à la hausse jeudi.
Côté palestinien, 3.785 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, dont au moins 1.524 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.
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Des quartiers entiers y ont été rasés et se retrouvent sans eau, sans nourriture ni électricité, et plus d’un million de personnes ont été déplacées après le siège imposé par Israël le 9 octobre à la bande de Gaza, déjà soumise à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.
«Nous avons besoin d’un accès sans entrave et de livrer notre aide vitale de façon sûre. Le temps presse», a appelé l’Unicef vendredi matin sur X.
Au Caire, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a plaidé jeudi pour «un accès humanitaire rapide et sans obstacle», appelant à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat».
Le président américain, Joe Biden, en visite mercredi en Israël, avait affirmé avoir obtenu du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de «laisser jusqu’à 20 camions traverser» la frontière, un nombre totalement insuffisant selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Au terminal de Rafah, des Egyptiens ont réparé jeudi les dégâts des bombardements israéliens en vue du passage des camions d’aide, selon des témoins. Et des dizaines de personnes se sont rassemblées dans l’espoir de sa réouverture.
«On est prêts avec nos sacs», assure Mohammed, 40 ans, qui travaille pour une institution italienne et attend depuis trois jours avec sa famille de pouvoir partir.
«Bientôt Gaza de l’intérieur»
Jeudi, l’armée israélienne a indiqué avoir mené en 24 heures des centaines de frappes aériennes visant selon elle des infrastructures du Hamas, alors qu’elle se prépare toujours à une offensive terrestre sur le nord de Gaza truffé de tunnels où le Hamas cache combattants et armes.
«Vous voyez maintenant Gaza de loin, bientôt vous verrez Gaza de l’intérieur», a déclaré jeudi le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant lors d’une inspection des troupes stationnées près de Gaza, selon une vidéo postée sur X par la radio de l’armée.
Des roquettes ont également été tirées depuis l’enclave sur Israël, selon des journalistes de l’AFP.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), les frappes aériennes israéliennes ont tué jeudi 20 personnes devant une boulangerie dans la ville de Gaza.
En Cisjordanie, autre territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, 79 personnes ont été tuées depuis le début du conflit dans des affrontements avec les forces israéliennes ou des attaques par des colons, selon l’Ocha.
Mardi, le Hamas avait accusé Israël, qui a démenti, d’avoir bombardé l’hôpital Ahli Arab à Gaza. Cette frappe a fait au moins 471 morts, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.
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D’après une note du renseignement américain dont l’AFP a pu consulter des extraits jeudi, le bilan se situe «probablement dans le bas d’une fourchette comprise entre 100 et 300» morts. Cette synthèse transmise au Congrès affirme, ainsi que l’avait déclaré mercredi Joe Biden, qu’Israël «n’a probablement pas bombardé l’hôpital de la bande de Gaza».
Israël a affirmé avoir des «preuves» de la responsabilité du Jihad islamique, un autre mouvement palestinien classé comme le Hamas organisation terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël, dans la frappe sur l’hôpital.
Sur le plan diplomatique, plusieurs pays s’activent pour éviter un embrasement régional.
«Répercussions»
En visite jeudi en Israël, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a exprimé son soutien à ce pays mais a appelé à accélérer l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza.
Il s’est ensuite rendu en Arabie saoudite, où le prince héritier Mohammed ben Salmane a estimé que le fait de «cibler des civils» à Gaza était un crime «haineux», mettant en garde contre les «répercussions dangereuses» sur la sécurité de la région et au-delà.
Le président égyptien et le roi Abdallah II de Jordanie ont réclamé l’«arrêt immédiat» du conflit et accusé Israël d’infliger à la bande de Gaza une «punition collective» visant à «affamer» les Palestiniens et à les «forcer au déplacement».
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a, elle, entamé jeudi une nouvelle tournée au Proche-Orient. Saluant «les signaux» qui laissent espérer une ouverture «au moins limitée» du point de passage de Rafah, elle a appelé tous les acteurs concernés à «surmonter les derniers obstacles» pour y parvenir.
Selon la chaîne CNN toutefois, citant une source non identifiée, cette ouverture pourrait être retardée.
La tension reste forte aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais, allié du Hamas.
Israël va, par ailleurs, évacuer la ville de Kyriat Shmona, à sa frontière avec le Liban sous haute tension depuis l’attaque lancée par le Hamas le 7 octobre, a annoncé vendredi l’armée israélienne.
Les autorités israéliennes «ont annoncé la mise en oeuvre d’un plan pour évacuer les habitants» de cette ville d’environ 25.000 habitants «dans des maisons d’accueil financées par l’Etat», a indiqué l’armée dans un communiqué.