Engagée depuis le 27 octobre dans une offensive terrestre contre le Hamas dans le nord de la bande de Gaza, l’armée israélienne a étendu ses opérations au sol à l’ensemble du territoire, près de deux mois après le début de la guerre le 7 octobre.
«Nos forces encerclent Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza», a déclaré le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, dans un communiqué. «Nous avons sécurisé de nombreux bastions du Hamas dans le nord de la bande de Gaza, et nous menons maintenant des opérations contre ses bastions dans le sud», a-t-il poursuivi.
Des sources du Hamas et du Jihad islamique ont indiqué à l’AFP que leurs combattants mènent de violents affrontements avec les troupes israéliennes dans le but de les empêcher d’entrer dans Khan Younès et les secteurs situés à l’est de la ville, ainsi que dans les camps de réfugiés à proximité.
Selon le Hamas, des tirs d’artillerie ont fait «des dizaines de morts et de blessés» dans la nuit de mardi à mercredi dans plusieurs villages à l’est de Khan Younès, et l’armée israélienne a également attaqué plusieurs autres secteurs de la bande de Gaza. Des frappes aériennes israéliennes contre le camp de Nousseirat, dans le centre du territoire, ont fait ainsi six morts et 14 blessés. D’après la même source, d’autres frappes sur le camp de Jabalia ont fait plusieurs morts et blessés, et le directeur d’une clinique de Khan Younès, Ramez al-Najjar, a été tué par un raid israélien contre son domicile.
«Aucun endroit pour nous abriter»
Depuis la reprise des hostilités le 1er décembre à l’expiration d’une trêve de sept jours, des centaines de milliers de civils venus se réfugier lors de la première phase de la guerre sont désormais contraints de fuir sur quelques kilomètres pour tenter d’échapper une nouvelle fois aux bombardements israéliens.
À pied, à moto, entassés dans des charrettes ou leurs bagages empilés sur les toits de leurs voitures, ils continuent de se diriger vers le sud, acculés dans un périmètre de plus en plus exigu près de la frontière fermée avec l’Égypte et confrontés à une situation humanitaire catastrophique.
«Nous voici, errant dans les vastes étendues de la terre de Dieu, à la recherche d’un lieu où nous réfugier. Il semble qu’il n’y ait aucun endroit pour nous abriter», se lamente auprès de l’AFP Oumm Mahmud Tanasi, une habitante de Khan Younès en route vers Rafah, à la frontière avec l’Égypte.
«Aucun endroit n’est sûr à Gaza. Ni les hôpitaux, ni les abris, ni les camps de réfugiés. Personne n’est en sécurité. Ni les enfants. Ni les travailleurs de la santé. Ni les humanitaires. Ce mépris flagrant des bases de l’humanité doit cesser», a affirmé le coordinateur de l’aide d’urgence de l’ONU, Martin Griffiths, cité dans un communiqué.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a souligné que la distribution de l’aide humanitaire était désormais «presque impossible» dans la bande de Gaza et que la reprise des hostilités «ne fera qu’intensifier la crise alimentaire catastrophique qui menace déjà de submerger la population civile».
Aide humanitaire coupée
Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), Rafah est désormais le seul endroit du territoire où de l’aide humanitaire est encore distribuée, en quantité limitée. L’aide n’arrive pratiquement plus à Khan Younès, et l’accès aux zones situées plus au nord est coupé depuis la reprise des combats.
L’armée israélienne largue chaque jour sur Khan Younès des tracts avertissant de l’imminence d’un bombardement, ordonnant aux habitants de quitter leur quartier. Mais l’ONU, qui a calculé que 28% du territoire la bande de Gaza tombe désormais sous le coup de ces ordres d’évacuation, a jugé impossible de mettre en place des zones sécurisées pour accueillir les civils telles que désignées par Israël.
Mardi, de nouvelles scènes de chaos se sont répétées à l’hôpital Nasser de Khan Younès, le plus grand du sud de la bande de Gaza, où des patients sont soignés à même le sol. Sous les sirènes des ambulances, des blessés étaient transportés, parfois allongés dans de simples remorques ou portés par leurs proches.
Selon l’ONU, 1,9 million de personnes, soit environ de 85% la population, ont été déplacées par la guerre dans la bande de Gaza où plus de la moitié des habitations sont détruites ou endommagées.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, 16.248 personnes, à plus 70% des femmes et enfants et adolescents, ont été tuées par l’armée israélienne depuis le début des bombardements sur la bande de Gaza le 7 octobre. Depuis cette date, Israël bloque les approvisionnements de l’enclave palestinienne en eau, en nourriture, en électricité, en médicaments et en carburant.
En Israël, l’attaque menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. D’après le gouvernement israélien, 138 otages enlevés en Israël le 7 octobre sont toujours retenus à Gaza, après la libération pendant la trêve de 105 otages, dont 80 en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël, exclusivement des femmes et des adolescents.
Opérations en Cisjordanie
La guerre à Gaza a aussi ravivé la tension à la frontière entre Israël et le Liban. Mardi, deux personnes, dont un soldat, ont été tuées dans des frappes israéliennes sur le sud du Liban, selon l’armée et l’agence de presse officielle.
Dans le nord de la Cisjordanie occupée, où Israël a également engagé des opérations militaires, deux Palestiniens âgés de 16 et 18 ans ont été tués et trois autres personnes blessées ce mercredi à l’aube par des tirs de l’armée israélienne dans le camp de Faraa, selon l’agence de presse palestinienne Wafa, citant des sources du Croissant Rouge. Depuis le 7 octobre, en Cisjordanie, territoire où le Hamas n’est pas présent, au moins 257 Palestiniens ont été tués par l’armée ou des colons israéliens, selon l’Autorité palestinienne.