Plusieurs dizaines de raids, d’une intensité supérieure à celle des derniers jours, ont frappé dans la nuit de dimanche à lundi la ville Rafah, au sud de la bande de Gaza. Ces bombardements ont touché 14 maisons et trois mosquées dans différents secteurs de la ville et ont fait «environ 100 morts», a annoncé le ministère de la Santé du Hamas.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ordonné à son armée de préparer une offensive sur Rafah, où se masse actuellement la majeure partie de la population du territoire palestinien, suscitant l’inquiétude de la communauté internationale.
Le Hamas a prévenu dimanche qu’une telle offensive «torpillerait les négociations» en cours, via une médiation du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis, sur un échange entre les otages israéliens et des Palestiniens détenus par Israël. Le mouvement palestinien a en outre affirmé dimanche que deux otages étaient morts et huit autres avaient été gravement blessés dans des bombardements israéliens ces quatre derniers jours.
L’armée israélienne a cependant affirmé que les frappes dans la nuit de dimanche à lundi s’inscrivaient non pas dans le lancement de cette offensive, mais d’une opération qui lui a permis pour récupérer deux otages.
Dernier refuge
Rafah est devenue le dernier refuge pour les Palestiniens coincés à la frontière fermée avec l’Égypte, au nombre d’1,4 million selon l’ONU, en grande majorité des déplacés ayant fui la guerre qui fait rage depuis quatre mois.
Lors d’un entretien téléphonique dimanche, le président américain Joe Biden a exhorté le Premier ministre israélien à «garantir la sécurité» de la population palestinienne. Plusieurs États ont mis en garde contre une «catastrophe humanitaire» en cas d’assaut sur la ville surpeuplée.
Le Qatar a «fermement condamné» les menaces d’Israël, les Émirats arabes unis se sont alarmés des «répercussions humanitaires» d’un assaut sur Rafah, alors que l’Égypte a mis en garde contre les «conséquences désastreuses» d’une telle offensive.
Israël assurera «un passage sécurisé à la population civile pour qu’elle puisse quitter» la ville, avait déclaré Benjamin Netanyahu sur la chaîne américaine ABC News, sans préciser où les civils pourraient se réfugier.
«Nulle part où aller»
«Je ne sais pas où nous irons» en cas d’offensive sur Rafah, a témoigné Farah Mohammad, qui a fui la ville de Gaza, dans le nord du territoire. «Il n’y plus d’endroit pour s’échapper», dit cette mère de famille de 39 ans, qui a perdu tout contact avec son mari depuis un mois.
«Dans les conditions actuelles», Washington «ne pourrait pas soutenir une opération militaire à Rafah en raison de la densité de la population», a indiqué un haut responsable de l’administration américaine, soulignant que la population civile n’a «nulle part où aller».
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche le petit territoire palestinien, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué près de 28.200 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait plus de 70.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 400 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes. L’agence officielle palestinienne Wafa a par ailleurs fait état d’un Palestinien âgé de 15 ans tué dimanche à Jérusalem-Est par les forces israéliennes.
Environ 1,7 million de personnes, d’après l’ONU, sur un total de 2,4 millions d’habitants, ont fui leurs foyers depuis le 7 octobre dans le territoire palestinien dévasté, assiégé par Israël et plongé dans une crise humanitaire majeure, sans approvisionnement en eau, en nourriture, en médicaments, en électricité et en carburant. Beaucoup ont été déplacées plusieurs fois, fuyant toujours plus vers le sud à mesure que les opérations militaires israéliennes s’étendaient.
Rafah, devenue un gigantesque campement, est le dernier centre urbain de la bande de Gaza où l’armée israélienne n’a pas encore pénétré et le principal point d’entrée de l’aide humanitaire, insuffisante pour répondre aux besoins de la population menacée en plein hiver par la famine et les épidémies.