Gaza: Israël étend ses opérations vers le sud, tension croissante dans la région

Cette photo prise à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, montre de la fumée s'élevant après une frappe israélienne, le 3 décembre 2023.. AFP or licensors

L’armée israélienne a étendu ce lundi ses attaques dans la bande de Gaza, où le bilan des civils palestiniens continue de s’alourdir. Avec, en filigrane, de nouveaux signes d’un conflit qui fait tache d’huile dans la région, après des incidents ce week-end en Irak et en mer Rouge.

Le 04/12/2023 à 07h00

«L’armée israélienne continue d’étendre son opération terrestre contre le Hamas dans l’ensemble de la bande de Gaza», a déclaré tard dimanche soir son porte-parole, Daniel Hagari.

Les soldats israéliens sont engagés dans une offensive terrestre depuis le 27 octobre dans le nord de Gaza, où ils ont pris le contrôle de plusieurs secteurs. Depuis la reprise des combats vendredi à l’expiration d’une trêve d’une semaine avec le Hamas, l’armée s’était principalement concentrée sur des raids aériens.

Dans la nuit, une frappe sur une entrée de l’hôpital Kamal Adwan, situé dans le nord de Gaza, a fait plusieurs morts selon l’agence palestinienne Wafa, le gouvernement du Hamas accusant dans un communiqué l’armée israélienne d’une «grave violation» du droit humanitaire international.

Le ministère de la Santé du Hamas a affirmé dimanche que 15.523 personnes, en grande majorité des civiles, et plus de 8.000 enfants, ont été tuées par les bombardements israéliens sur la bande de Gaza, menés en représailles à l’attaque du 7 octobre du mouvement palestinien. Cette dernière a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités israéliennes. L’armée israélienne a fait état ce lundi de 5 soldats tués, dont trois dimanche, depuis la fin de la trêve et la reprise des combats vendredi.

«Durant les heures passées, seuls 316 morts et 664 blessés ont pu être sortis des décombres et amenés dans des hôpitaux, mais beaucoup d’autres sont encore sous les décombres», a précisé le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas Ashraf al-Qidreh.

Dans le sud de la bande de Gaza, les frappes israéliennes ont visé massivement, depuis vendredi, la ville de Khan Younès et ses environs, dans le sud de la bande de Gaza. Dimanche, des habitants ont fui la ville, à pied, entassés dans des charrettes ou en voiture, leurs affaires empilées sur le toit, selon des images de l’AFP.

Les hôpitaux encore en état de fonctionner dans le sud de la bande de Gaza sont débordés par l’afflux de blessés, alors que les réserves de carburant pour faire tourner les générateurs sont presque à sec, Israël ayant à nouveau bloqué toute entrée de denrées ou d’aides humanitaire dans le territoire palestinien. À l’hôpital Nasser de Khan Younès, de nouveaux blessés et de nouveaux corps, parfois sans personne pour les identifier, affluent à chaque explosion.

«Bombardement hors norme»

Sur place, Ehab al-Najjar, un habitant des alentours, laissait éclater sa colère. «Je suis rentré chez moi et j’ai vu la bombe tomber sur notre maison», a-t-il raconté à l’AFP en décrivant des corps jonchant la rue. «La moitié étaient de jeunes enfants. Quelle était leur faute? (...) N’ont-ils pas pitié?»

«Les mots me manquent pour décrire les horreurs qui frappent les enfants ici», a déclaré dimanche dans une vidéo James Elder, un porte-parole de l’Unicef présent à l’hôpital Nasser. «Je vois arriver en masse des enfants parmi les victimes», avait-il déclaré plus tôt sur X.

Dans la ville voisine de Rafah, des habitants piétinant dans les décombres se rassemblaient autour d’un immense cratère. «C’est un bombardement hors norme. Nous ne savons pas pourquoi. Nous ne savons pas dans quel but», s’exclamait l’un d’eux, Mohammad Fahjan.

Tôt lundi, l’armée israélienne a également lancé des opérations dans différents secteurs de la Cisjordanie occupée (qui n’est pas contrôlé par le Hamas), notamment à Jénine, où une trentaine de véhicules militaires ont été déployés, selon l’agence palestinienne Wafa.

Tensions en Irak et au Yémen

Sans remettre en cause son droit «à se défendre», les États-Unis, premier allié d’Israël, a mis ce dernier en garde contre «la multiplication des victimes civiles». «Trop de Palestiniens innocents ont été tués», a insisté ce week-end la vice-présidente Kamala Harris, s’alarmant d’images «dévastatrices» de Gaza et appelant Israël à «faire plus pour protéger les civils innocents».

Les États-Unis ont par ailleurs noté une hausse des attaques contre leurs soldats, bases ou alliés au Moyen-Orient hormis pendant la trêve d’une semaine. Un destroyer américain a abattu trois drones en portant assistance dimanche à des navires commerciaux en mer Rouge, visés par des attaques depuis le Yémen, a fait savoir Washington.

Plus tôt, les rebelles Houthis avaient annoncé avoir mené une «opération» contre des «navires israéliens dans le détroit de Bab el-Mandeb» -une voie navigable stratégique reliant la mer Rouge au golfe d’Aden- en représailles aux bombardements israéliens dans la bande de Gaza.

Dimanche, les États-Unis ont par ailleurs dit avoir mené dimanche soir une «frappe d’auto-défense contre une menace imminente» dans le nord de l’Irak, dans la province de Kirkouk (nord), tuant «cinq combattants d’un groupe armé pro-Iran», pays soutien du Hamas.

Par Le360 (avec AFP)
Le 04/12/2023 à 07h00