L’armée israélienne intensifie ce vendredi ses bombardement dans le centre et le sud de Gaza, où des témoins et des sources hospitalières ont fait état de frappes nocturnes dans le sud du territoire, notamment à Rafah, le ministère de la Santé du Hamas dénombrant 130 morts au cours des dernières 24 heures. Selon un journaliste de l’AFP, l’armée israélienne a mené sept frappes aériennes à Rafah, et le Croissant-Rouge palestinien s’est désolé de la mort de trois enfants dans l’un de ces bombardements.
Israeli forces have killed four Palestinians and injured more after bombing a kindergarten hosting displaced people in the town of az-Zawayda near Deir el-Balah in central Gaza, reports news agency Wafa.
— Al Jazeera English (@AJEnglish) February 9, 2024
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Après des opérations terrestres à Gaza City, puis à Khan Younès, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ordonné de préparer une offensive sur Rafah, ville située à la frontière avec l’Egypte, où s’entassent 1,3 million de Palestiniens dont la grande majorité sont des personnes déplacées par les affrontements des derniers mois.
Washington a averti jeudi d’un «désastre» et assuré ne pas soutenir une opération «sans une planification sérieuse et crédible» concernant les civils sur place. «Mener une telle opération maintenant sans planification et sans réflexion dans une zone où un million de personnes sont abritées serait un désastre», a déclaré à la presse le porte-parole adjoint du département d’État, Vedant Patel.
«Je pense, comme vous savez, que la riposte à Gaza, dans la bande de Gaza, a été excessive», a déclaré le président américain Joe Biden, dans une rare critique à l’égard d’Israël.
«En ce qui concerne Rafah (...) Israël a (...) l’obligation de faire tout ce qui est possible pour s’assurer que les civils soient protégés et qu’ils aient accès à l’aide dont ils ont besoin», avait affirmé mercredi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui a conclu jeudi une tournée régionale visant à encourager les efforts pour obtenir une trêve.
Le chef des droits humains de l’ONU, Volker Türk, a averti que les destructions par l’armée israélienne de bâtiments dans la zone frontalière avec Israël à Gaza, dans le but de mettre en place une «zone tampon», constituaient un «crime de guerre».
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit quant à lui «alarmé» par une opération terrestre sur place. «Une telle action aggraverait de façon exponentielle l’actuel cauchemar humanitaire dont les conséquences régionales sont déjà incalculables», a-t-il écrit sur le réseau social X.
Sur place, les raids aériens et les craintes locales d’opération terrestre n’ont pas complètement découragé Husam Abdul Hadi, un Palestinien de 20 ans, qui y vend des roses pour alléger les coeurs. «Notre objectif est de ramener un sourire sur tous les visages, de changer leur humeur, de les rendre heureux et de les faire rire», dit-il à l’AFP. «Je l’ai trouvé en train de vendre des roses, alors j’ai voulu acheter quatre roses, parce que j’ai quatre enfants. Je veux les offrir à ma femme, et j’espère que nous passerons le cap de la guerre et que nous vivrons en paix», dit l’un de ses clients Abou Elias Mehanna.
«Gaza n’est plus Gaza», a témoigné pour l’AFP le ministre de la Culture de l’Autorité palestinienne, Atef Abou Seif, qui se trouvait à Gaza pour lancer la Journée du patrimoine palestinien lorsque la guerre entre Israël et le Hamas a éclaté. Il y est resté coincé 90 jours.
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche le petit territoire palestinien, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué 27.947 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait plus de 70.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 400 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
Nouveau cycle de négociations
Au Caire, un «nouveau cycle de négociations», parrainé par l’Egypte et le Qatar avec la participation du Hamas, a débuté jeudi pour obtenir «le calme dans la bande de Gaza» ainsi qu’un échange de prisonniers palestiniens et d’otages, selon un responsable égyptien.
«Nous nous attendons à des négociations très (...) difficiles, mais le Hamas est ouvert aux discussions et désireux d’arriver à un cessez-le-feu», a expliqué un responsable proche du Hamas.
L’Arabie saoudite a reçu jeudi des chefs de la diplomatie du Qatar, de l’Egypte, de la Jordanie, des émirats, ainsi que Hussein al-Sheikh, ténor de l’Autorité palestinienne (AP) de Mahmoud Abbas, rival politique du Hamas, pour des «consultations» sur la situation à Gaza.
Selon l’agence saoudienne SPA, ces hauts responsables ont appelé à un «cessez-le-feu immédiat et total à Gaza» et ont appelé à des mesures «irréversibles» en vue de la création d’un État palestinien indépendant.
Signe des vives tensions au Moyen-Orient dans le sillage de la guerre à Gaza, des salves de roquettes ont été lancées dans la nuit depuis le Liban vers le nord d’Israël, peu après une frappe aérienne israélienne qui a tué un dirigeant militaire du Hezbollah libanais, et les États-Unis ont mené des bombardements contre les rebelles Houthis au Yémen.